Les fabulations de Fifi Brindacier
FéminiSpunk raconte l’histoire, souterraine et infectieuse, des petites filles qui ont choisi d’être pirates plutôt que de devenir des dames bien élevées. Désirantes indésirables, nous sommes des passeuses de contrebande. Telle est notre fiction politique, le récit qui permet à l’émeute intérieure de transformer le monde en terrain de jeu.
Aux logiques de pouvoir, nous opposons le rapport de forces.
À la cooptation, nous préférons la contagion.
Aux identités, nous répondons par des affinités.
Entre une désexualisation militante et une pansexualité des azimuts, ici, on appelle « fille » toute personne qui dynamite les catégories de l’étalon universel : meuf, queer, butch, trans, queen, drag, fem, witch, sista, freak…
Ici, rien n’est vrai, mais tout est possible.
Contre la mascarade féministe blanche néolibérale, FéminiSpunk mise sur la porosité des imaginaires, la complicité des intersections, et fabule une théorie du pied de nez. Irrécupérables !
Sacré programme non ?
Quand je reçois cette nouvelle parution des éditions Zones, je suis toute jouasse parce que je les aime leurs essais ! Quand, en plus, je devine ma meilleure copine d’enfance Fifi sur la couverture, je trépigne ! Ajoutez à cela son titre en apocope de féministe et Spunk, mon cœur s’emballe et je m’empresse de plonger dans les pages de Christine Aventin !
Quel tourbillon !!!!!
Au programme, des réflexions parfois personnelles, riches, ultra documentées et toujours bourrées d’humour :
- WHAT’SPUNK. OÙ L’ON DÉCOUVRE QUE FIFI BRINDACIER EST L’INVENTEUSE DU PUNK
- RECLAIM. OÙ L’ON INVENTE QUE L’IMAGINATION EST UN MENSONGE QUI CRÉE DE LA VÉRITÉ
- NO HERO BUT CLITO. OÙ L’ON COMPREND QUE L’HÉROÏSME EST UNE ARNARQUE
- CONTAGION. OÙ L’ON DÉCIDE DE FAIRE CONFIANCE AUX FORCES MINORITAIRES
- FILLES. OÙ L’ON CONSTRUIT, À L’ENDROIT DU MOT « FEMME », LE PLUS GRAND FEU QUI SOIT, AVANT DE LIRE L’AVENIR DANS LES CENDRES
- HÉRITIÈRES. OÙ L’ON CHERCHE QUOI FAIRE D’UN GROS MEUBLE DE FAMILLE QUI NE PASSE PAS LA PORTE ET ENCOMBRE TOUT LE PALIER
J’ai grandi au milieu des bouquins, et s’il y a deux ouvrages que Dame ma mère a toujours refusé de m’offrir ce sont les Martine et la Comtesse de Ségur (ce qui ne m’a pas empêché de les lire mais par d’autres biais que la bibliothèque familiale, que voulez-vous mes parents m’ont également appris à contourner les règles…) Mais Fifi Brindacier, elle, m’a été servie sur un plateau et je fais partie de la génération qui a eu la chance, en plus du livre, de pouvoir suivre les aventures de la facétieuse Fifi à la télévision ! C’était un rendez-vous magique, fait d’aventures palpitantes, de non-sens extraordinaire, d’imaginaires infinis et d’un humour frais, révolutionnaire ! Avec Fifi j’apprenais que tout est possible et même si je n’en avais pas conscience à cet âge, je sais que ce n’était pas courant ni normale pour une petite fille !
Fifi détonnait, Fifi osait, Fifi riait à gorge déployée ! Elle ne faisait pas de bêtises, non, elle vivait des aventures ! Le monde était son terrain de jeu et rien n’était impossible !
Christine Aventin souligne cette liberté, avance une réflexion salutaire sur le féminisme actuel et propose d’observer l’imagination comme pouvoir politique !
Spunk c’est le cran, le courage, c’est Fifi ! Fifi c’est le Punk !
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