Si Eric Vuillard a été couronné du prix Goncourt cette année, ce n’est pas uniquement pour son remarquable dernier roman « L’ordre du jour ».
Jamais récompense aussi prestigieuse ne lui avait été accordé, mais aujourd’hui je pense que c’est toute son œuvre qui l’est enfin et c’est un réel bonheur de le voir sur le devant de la scène littéraire.
Mes précédents articles mettaient à l’honneur Eric Vuillard avec « Tristesse de la terre » et « 14 juillet« . Deux romans à découvrir, à l’image de celui qui nous intéresse aujourd’hui : « L’ordre du jour ».
Voici donc un formidable nouveau récit, aussi puissant et grave que ses précédents.
Ici, nous participons aux grandes réunions et entrevues entre les personnalités détentrices des pouvoirs politiques et industriels avant, pendant et après la seconde guerre mondiale.
Chaque chapitre nous fait avancer dans le temps et c’est avec les vingt-quatre plus grands dirigeants des industries allemandes que nous commençons ce roman. Le 20 février 1933. Date à laquelle l’appétit corruptrice n’a plus de limite et où Hitler trouva les fonds nécessaires pour lancer sa machine de guerre. Car à ce moment précis, tout n’était encore qu’illusions destructrices, sans corps ni réalités. Mais après qu’un membre du parti nazi lança : « Et maintenant messieurs, à la caisse ! », ce n’est rien de moins que Opel, Siemmens et d’autres géants qui financeront le parti, et la guerre.
Dans un second temps, Eric Vuillard se concentre sur les entrevues précédents l’Anschluss et c’est avec consternation que nous découvrons la lâcheté des politicards telle que Chamberlain ou Schuschnigg. De sa plume acérée et sans complaisance, nous assistons à la déplorable tournure des événements de l’Histoire. Des tournants si infimes et si ridicules que nous comprenons à quel point le mal s’immisce dans nos vie avec une facilité déconcertante.
Lisez ce récit fulgurant aux tristes airs d’actualité ! Lisez aussi ces autres textes ! Et ne voyez aucune faveur de la ministre de la culture dans la récompense du prix Goncourt 2017 car Eric Vuillard le mérite, indéniablement.
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