Hervé Le Corre est l’un des auteurs de romans noirs français les plus intéressant.
D’abord car c’est l’un des rares, avec Dominique Forma notamment, à réellement faire du roman noir et ensuite car il ne se cantonne pas dans un thème ou un style d’écriture particulier.
Avec Après la guerre, il s’était attaqué à la période de trouble des années 50 coincée entre la seconde guerre mondiale et celle d’Algérie, tandis que Tango Parano nous emmenait dans les méandres de l’esprit paranoïaque d’un flic en perdition dans une secte.
Dans les deux cas, le chef-d’œuvre était au rendez-vous.
Pour la sortie en poche de son dernier livre, penchons-nous donc sur ce dernier:
Avec Prendre les loups pour des chiens, nous suivons Franck, tout juste sorti de 5 ans de prison pour un minable braquage raté, qui se voit recueilli par la compagne de son frère, Jessica –sorte de toxico lunatique –et ses parents, vivants de petites magouilles avec les gitans du coin ainsi que la petite Rachel, mutique.
Son frère, Fabien, s’est enfui en Espagne pour y régler un deal et ne donne pas de signe de vie.
Dans ce contexte de moiteur Bordelaise, entre cagnard et dune, manque d’air et alcool, c’est un univers de violence et de non-dits qui se déploie.
Dans une langue subtile, rare dans le monde du polar Français et parfaitement maîtrisée, Hervé Le Corre nous embarque à bras le corps dans son histoire.
Et le pire c’est qu’on en redemande…
Extrait : Un piège vers lequel tu te précipites en pressentant le piège. Ou un poison délicieux qui fait effet lentement en t’accrochant comme une drogue. Une fleur toxique. Un fauve doux capable de te dépecer à tout moment. Et au milieu, cette gamine quasi muette qui jouait seule et ne pleurait presque jamais même au comble de son chagrin. Même depuis le massacre. Elle ne dit rien, se contente d’être triste et de t’observer à la dérobée ou de poser sur toi un regard songeur, et tu te sens soupesé et jugé par ces grands yeux noirs toujours déçus par la bêtise et la méchanceté des adultes.
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