Arrivé dans nos rayon en ce début février, c’est une petite surprise publiée chez L’Arpenteur que nous sort Eric Metzger :
Né en 1984 et principalement connu pour être membre du duo Eric & Quentin sur le Petit Journal, puis Quotidien, Eric Metzger est également l’auteur de trois romans.
Remarqué dès son premier livre, La nuit des trente, parcours d’un trentenaire qui fait le point sur sa vie car <<À trente ans, Balzac publiait la Physiologie du mariage et Les Chouans. Le début du succès. À trente ans, Stendhal sortait de la campagne de Russie, fatigué et sans passions. À trente ans, Tolstoï publiait Albert. À trente ans, Fitzgerald venait tout juste de publier Gatsby et débarquait à Hollywood. Et toi, à trente ans, qu’as-tu fait petit crétin ?>>
Le récit est monté sur deux histoires annotées en chapitres Romains ou Arabes:
Chapitres en chiffres Romains
Chapitres en chiffres Arabes
Orphée est perdu. Il cherche son Eurydice parmi toutes les femmes qu’il croisera. Alors Orphée se perd dans sa descente aux enfers des boîtes parisiennes. Traversant les cercles de l’alcool, du bruit, de la solitude. Guidé par son Virgile momentané et conduit par son Charon de cercle en cercle, trouvera-t-il celle qu’il cherche désespérément ?
Louis, trentenaire, tombe par hasard lors d’une brocante sur un téléphone au style rétro. Il se rend compte que celui-ci permet de téléphoner dans le passé. Il se retrouve rapidement en conversation avec son père, pourtant mort vingt ans auparavant. Louis essaiera de l’empêcher de mourir d’une crise cardiaque.
Personne ne semble le croire, mais Louis se jettera à corps perdu dans cette quête qui semble l’être tout autant.
Ecrit dans un style exigeant, entre rimes et métaphores, références à l’Iliade et l’Odyssée, remise au goût du jour des mythes, cette recherche est aussi intelligente que novatrice. La descente aux enfers d’Orphée se fait au détriment de sa stabilité mentale et au bonheur du lecteur qui suit avec un intérêt certain la déchéance de cet être perdu.
Plus terre-à-terre, cette histoire met à jour d’autres questionnements humains. Peut-on empêcher l’inévitable ? Comment se remet-on des blessures d’enfance ? L’obstination est-elle salvatrice si elle se sait être vaine ? Louis perdra-t-il tout en tentant de regagner son manque ?
Sur un registre peut-être moins original, mais traité avec intelligence, Eric Metzger remet au goût du jour la quête du voyage dans le temps sur fond de voyage vers l’enfance.
Extrait:
Orphée se demande si ce qu’il fait est mal. Parce que, en étant Orphée il ment : il ment aux autres, à ses amis, et même à lui. Il est probablement l’être le plus violent qu’il connaisse. Il peut hurler »je t’aime » à une inconnue, »je te hais » à Dieu, et »tu es qui ? » à son propre reflet. Pourquoi ces visites aux enfers, pourquoi continuer ? Pourquoi ne pas rester dormir chez lui ?
Tandis que Platon sait qu’il ne sait pas, Orphée à l’inverse ne sait pas qu’il sait. Alors il creuse avec la certitude de l’échec. Mais Orphée aime échouer. De temps en temps, il pense à la mort et s’amuse à tremper sa langue dans la flaque coagulante du suicide.
Quelle belle idée ! Si simple lorsqu’elle est alcoolisée !
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