Aujourd’hui, notre périple italien se termine par un dernier volet en Sicile. Catane plus précisément. Je fais le choix de clôturer cette série par un roman plus politique, écrit par un auteur admirable : Eldorado de Laurent Gaudé.
L’histoire se déroule à Catane, port de Sicile. Si le nom de Catane apparaît moins souvent dans les médias, la ville est à l’image de Lampedusa : le premier accès à l’Europe depuis la Libye. Abandonnée à son sort par une Europe hypocrite qui ferme ses portes.
Eldorado, un livre d’actualité
Un livre on ne peut plus actuel. Nous sommes en 2006 : Laurent Gaudé imagine dans ce récit les désirs de vengeance d’une femme, sauvée par le Commandant Piracci d’un bateau de réfugiés en perdition. Après des recherches poussées, elle découvre que l’homme qui a affrété le Vittoria et qui l’a volontairement abandonné était en fait Hussein Marouk, un homme d’affaires véreux, proche des services secrets syriens. « C’est un combat politique : l’Europe hausse le ton contre la mainmise de la Syrie sur le Liban ». (page 33)
Quant au commandant Piracci, suite à sa rencontre avec cette femme, il réfléchit à la portée de son métier qui l’amène tant à venir en aide aux bateaux en perdition qu’à intercepter les embarcations d’émigrés clandestins : « Vingt ans de ces nuits lui avaient usé le visage et cerné les yeux » (page 21)
Laurent Gaudé
Laurent Gaudé, un auteur incontournable
Dans ce roman, Laurent Gaudé nous invite, une fois encore, à prendre le temps de la réflexion. Un sujet aussi délicat que l’immigration ne peut se résumer aux diatribes de certains hommes politiques qui ont pour seul but de faire gonfler leur électorat. Réfléchir à cette question en convoquant tous les points de vue est le meilleur moyen d’aller au bout de votre raisonnement. En imaginant le destin de ces hommes et de ces femmes qui rêvent d’un ailleurs sans guerre, en se mettant à leur place le temps de cette lecture nécessaire, on ne peut qu’en ressortir grandi. Là encore, et c’est la grande qualité de Laurent Gaudé, l’homme est au cœur du récit. De l’humanisme, de la réflexion en réponse aux préjugés et au populisme.
Belle lecture
Sandrine
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