Quand la Fantasy offre autre chose que de la Fantasy
J’aime profondément les dragons. Depuis toute petite, ces grosses bestioles me fascinent. Ancêtres ou cousins des dinosaures, je sais qu’ils ont existé et qu’ils n’ont pas vraiment disparu. Ils sommeillent dans nos montagnes, camouflés en énormes rochers pour certains, dormant au fond de lac alpins pour d’autres ou encore, hibernant dans quelques grottes enneigées.
Je connaissais Anthony Ryan par sa première trilogie: Blood Song, très bon Page turner à la Fantasy très réussie. Son style efficace et imaginatif m’avait plu et quand je découvrais cette nouvelle série, me promettant de rencontrer mes grosses bébêtes préférées, je n’ai pas hésité une seconde!
« À travers les vastes territoires contrôlés par le Syndicat Négociant d’Archefer, rien n’est plus prisé que le sang des dracs, donnant d’immenses pouvoirs à de rares élus. Mais les lignées de dracs s’affaiblissent et l’équilibre du monde est menacé. On raconte que seuls les pouvoirs du drac-Argent, plus puissants que tous les autres, pourraient le rétablir.
Afin de débusquer cette créature légendaire, le Protectorat enrôle Claydon Torcreek, un voleur aux facultés secrètes. Pour sa mission en territoire ennemi, il recevra l’aide d’une vénéneuse espionne et d’un intrépide officier, lors d’un tumultueux périple aux confins des mers.
Tous trois devront lutter contre le déclin de l’empire… ou disparaître avec lui. »
Je vous l’accorde, à la lecture du résumé rien ne ressemble plus qu’à un énième roman de Fantasy. Mais (je vous ai déjà dit que j’aime vraiment les dragons?) il y a des dragons et la petite banderole « prix Hellfest Inferno 2018 » titillait ma curiosité. Bien m’en a pris !
Dans cette nouvelle trilogie on retrouve le sens du rythme et la grande qualité d’écriture d’Anthony Ryan. C’est un très bon narrateur, capable d’installer des personnages complexes et captivants! Les intrigues sont alambiqués, précises et diablement efficaces!
Le petit plus de Ryan? C’est qu’il offre une autre Fantasy.
En en maîtrisant parfaitement tous les codes, il impose les siens, sort des chemins balisés et se permet des voyages dans les genres avec brio. Dans Dragon Blood vous entrez tant dans un roman d’espionnage que dans une superbe saga fantastique. Mêlant cyberpunk et western, il se permet également d’ajouter quelques teintes médiévales à son récit. Il touche juste, tout le temps, et invente un monde si maîtrisé qu’on ne peut qu’y croire et s’y plonger totalement!
Tout est innovant!
- La magie sort des traditionnels rituels et autres hiérarchies de sorciers, Ryan invente, joue et s’en sort à merveille !
- La colonisation récente du monde où se déroule l’histoire en fait un lieu encore vierge, sauvage où tout est encore à inventer. Les sociétés mises en places sont une belle occasion de remettre en cause nos comportement capitalistes et l’auteur maîtrise la critique sans jamais être moraliste. Il s’amuse et nous avec, des dérives humaines et renonce consciemment à offrir une énième quête manichéenne dont la Fantasy à l’habitude. Tout est plus complexe, vaste et profond.
- La place que Ryan donne aux Dragons est là encore innovante et bouscule les codes. Si les dracs restent des bêtes majestueuses et terriblement fascinantes, elles sont ici exploitées, considérées comme du simple bétail dont on use jusqu’à la couenne. Même pour la fan de dragons que je suis, c’est une bouffée d’air frais que de les découvrir ainsi.
- Anthony Ryan s’amuse également en proposant un roman choral. On avance dans l’aventure avec les points de vue de trois personnages : Lizanne, terrible espionne, Claydon le malfrat enrôlé de force et Hilemore génialissime pirate ! Le récit est ainsi rythmé par les engagements de chacun et nous permet non seulement de comprendre les subtilités de chaque univers mais également de confronter les opinions et positions de chaque personnage.
Le troisième tome vient tout juste de paraitre et je me réjouis de replonger dans cet univers hallucinant! Surtout depuis que mon petit doigt m’a chuchoté que ce tome ne semble pas être le dernier… Une trilogie en quatre ouvrages: j’adhère!
Je ne veux froisser personne soyons honnête : tant le lecteur de Fantasy que les auteurs ont cette tendance légèrement agaçante de rester camper sur leurs préférences et de snober ou clairement ignorer les ovni ou simplement les « autres » genres. On a le droit d’aimer la glace à la fraise, parce que c’est vraiment bon ! Mais n’oublions pas qu’il y a des glaces à l’arôme de fraise, des sorbets et que parfois un cuisinier se fend d’une recette à la fraise des bois ! Wo !
Pour savoir qu’on aime la glace à la fraise, il faut se risquer d’y goûter, de les goûter toutes et d’affiner son palais.
Dragon Blood est un sorbet fraise des bois… Ne serait-ce pas dommage de passer à côté de ce dessert raffiné ?
Et si non, je vous ai dit que j’étais fascinée par les dragons ? Et bien dans Dragon Blood il y a des dragons ! #coeuraveclesecailles
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