Les bonnes résolutions
Mes conseils pour ne pas en prendre
Arrêter de fumer, trouver l’amour, faire plus de sport, passer du temps avec grand-maman, moins râler, lire plus, vivre l’instant présent etc… Soyons honnête, à chaque nouvelle année, on se promet d’être meilleur, plus, mieux, bien. Je n’ai rien contre ces douces volontés d’amélioration, au contraire: tendre à faire mieux est louable. Sauf que généralement elles naissent d’une culpabilité et ça, mais alors ça, j’exècre ce sentiment.
Je vous souhaite, pour 2020, d’être ce que vous voulez être et vous ai sélectionné quelques ouvrages pour vous accompagner dans cette noble quête.
Rien à foutre, l’ultime voie spirituelle – John C Parkin
Est-ce que vous sentez toute la puissance contenue dans cette expression ? L’avez-vous, une seule fois, prononcée ? Essayez, s’il vous plaît… On respire, on ferme les yeux quelques secondes et ensuite, dans un calme olympien, dites : J’en ai rien à foutre.
Quel bien cela fait n’est-ce pas ? Un mélange de culpabilité délicieuse face à la vulgarité de ces mots. Une forme de libération grâce à l’inutilité du discours. Une satisfaction, et presque, un plaisir.
Dire » Rien à foutre » fait du bien. Cesser de lutter et faire enfin ce que vous voulez, passer outre ce que l’on vous dit et suivre votre chemin, comme c’est délicieux !
Dans ce livre à la fois amusant et inspirant, John C Parkin explique que l’expression
« Rien à foutre » est un excellent moyen de dédramatiser les choses qui, finalement, n’ont pas tant d’importance et convient parfaitement pour traduire le lâcher-prise. En raison de sa forte charge grossière, elle est exactement celle qu’il faut pour nous secouer et nous faire sortir du stress et de l’anxiété qui dominent nos vies.
Cette voie spirituelle n’exige pas de chanter, de méditer, de porter des sandales, ni de manger des légumineuses. Elle ne sert qu’à libérer une parole et votre droit de dire non.
Foutez vous la paix et commencez à vivre – Fabrice Midal
Fabrice Midal est philosophe et je pense que ses deux plus grandes qualités sont la bienveillance et l’empathie. Pas si mal comme bagage non ? Fondateur de l’École occidentale de méditation qui propose un bouddhisme laïcisé, il a écrit de nombreux ouvrages sur la méditation. De très bons ouvrages que je vous recommande chaudement. Dans ce petit bijou qu’est Foutez-vous la paix, Fabrice Midal propose des alternatives lucides et bienvenues sur le développement personnel. Fini les injonctions au bonheur et à la perfection !
Cessez d’être calme Soyez en paix.
Cessez de vouloir être parfait Acceptez les intempéries.
Cessez de rationaliser Laissez faire.
Cessez de vous comparer Soyez vous-même.
Cessez d’avoir honte de vous Soyez vulnérable.
Cessez de vous torturer Devenez votre meilleur ami.
Cessez de vouloir aimer Soyez bienveillant.
Cessez d’obéir à tous ces diktats : Vous êtes intelligent.
Celle qui a dit fuck – Lesage Anne-Sophie & Fanny
Le journal d’une demoiselle qui réalise qu’être imparfaite est peut-être la solution ultime pour être heureuse. Alice a des rêves plein la tête. Pourtant, elle subit sa vie plutôt que de la vivre vraiment ! Elle a une fâcheuse tendance à se mettre la pression, se montrer trop exigeante avec elle-même, à culpabiliser pour tout et surtout pour rien et à courir après cette fucking perfection ! Son quotidien est fait de to-do lists et de looooooongues réflexions culpabilisantes : Comment être à La fois la Caroline Ingalls de mon foyer et l’Oprah Winfrey de mon job ? Comment assurer le bien-être de ma future progéniture alors que j’ai laissé mon chat s’enfuir au bout de trois jours ? Comment garder le piquant de mon couple tout en m’enfilant le soir cinq épisodes de Game of Thrones… dans mon pyjama de la honte ? Alors Alice décide de se foutre la paix, de vivre sa vie et de partir à la quête du graal : le lâcher-prise.
Dans la lignée des nouveaux « romans coach » mis en avant au rayon développement personnel, ce petit bouquin fait un bien fou. Il propose une aventure drôle, impertinente et salvatrice !
Les vertus de l’échec – Charles Pepin
Vous réussissez tout du premier coup ?
Enfant, vous n’avez jamais tenté de mettre le cube rouge dans le trou prévu pour le triangle vert ?
Vos premiers macarons étaient des cercles parfaits, d’un moelleux incomparable et d’une légèreté subtile ?
Votre coccyx n’a jamais souffert de vos virées en patins à roulette (oui je ne suis pas de la génération des Roller)
Et bien tant mieux pour vous, moi je me loupe souvent. Mes premiers chocolats maison ont dû être rangés au frigo parce que je n’ai rien compris au tempérage. J’ai tricoté des pull qui ressemblaient plus à des tentes qu’à un vêtement. Quand je prends des photos je crois être Cartier Bresson alors que mes modèles semblent sortir tout droit de l’univers de Bruce Gilden.
La vie est ainsi faite : on se loupe, on se plante, on doit passer par l’apprentissage et l’échec est quelque chose de naturel. C’est en forgeant qu’on devient forgeron (et en lisant qu’on devient liseron) Le philosophe Charles Pepin remet le point sur le i de la perfection et nous rappelle avec beaucoup d’humour et de sagacité que les succès viennent rarement sans accroc. En prenant exemple sur des grands noms de l’Histoire comme Roger Federer, Charles de Gaule, David Bowie ou encore Steve Jobs, il nous montre comment chaque épreuve peut nous rendre plus lucide, plus combatif, plus vivant.
Ce livre n’est pas un livre de développement personnel mais un livre d’auto-assistance ! Ha !
Faites vous-même votre malheur – Paul Watzlawick
Paul Watzlawick est un psychologue, même un psycho-sociologue et en plus jungien. C’est peut-être un détail pour vous mais pour moi ça veut dire beaucoup (oui, j’ai de la peine avec ce cher Sigmund) Il nous offre ici une étude à l’humour railleur, truffée d’exemples littéraires, philosophiques et historiques et nous apprend pas à pas à nous réconcilier avec nos névroses les plus banales.
Vivre en conflit avec le monde et, en particulier, avec les autres hommes, voilà qui est à la portée du premier venu, mais sécréter le malheur tout seul, dans l’intimité de son for intérieur, c’est une autre paire de manches. On peut toujours reprocher son manque d’amour à un partenaire, attribuer les pires intentions à un patron ou mettre sa propre mauvaise humeur sur le compte du temps qu’il fait – mais comment s’y prendre pour faire de soi-même son pire ennemi ?
Dans une parodie excellente de livres coach, Watzlawick examine tous les moyens à notre disposition pour nous rendre vraiment malheureux. Ceux que nous pratiquons déjà sans avoir besoin de conseil : ruminer sur le passé ou exiger de la personne aimée qu’elle partage absolument tous vos goûts et ceux qui exigent une technique spéciale : il nous prescrit quelques exercices pratiques gradués selon leur difficulté.
Car si la vie est un jeu, elle doit relever de la théorie des jeux. Et si la situation est désespérée, la solution est peut-être désespérément simple.
Développement (im)personnel – De Funès Julia
La petite fille du célèbre Louis est philosophe, conférencière et m’avait déjà conquise en co-écrivant La Comédie (in)humaine avec Nicolas Bouzou. Elle nous revient avec une réflexion sur le succès d’une imposture : le développement personnel. Elle fustige avec délectation les impostures d’une certaine psychologie positive.
Les librairies sont envahies d’ouvrages qui n’en finissent pas d’exalter l’empire de l’épanouissement personnel. Les coachs, nouveaux vigiles du bien-être, promettent eux aussi sérénité, réussite et joie. A les écouter, il n’y aurait plus de « malaise dans la civilisation », mais une osmose radieuse. Nous voici propulsés dans la « pensée positive » qui positive plus qu’elle ne pense ! Pourquoi le développement personnel, nouvel opium du peuple, rencontre-t-il un tel engouement ? Sur quels ressorts psychologiques et philosophiques prend-il appui ? Comment se « développer » quand on est sans cesse « enveloppé » par des coachs ? Comment le développement serait-il « personnel » quand guides et manuels s’adressent à chacun comme à tout autre ?
Pour lutter contre la niaiserie facile et démagogique des charlatans du « moi », Julia de Funès propose quelques pépites de grands penseurs et nous amène à ne pas avaler tout et n’importe quoi.
La philosophie, âgée de 3000 ans, est toujours là: en cultivant le point d’interrogation, elle développe l’intelligence de l’homme, fait voler en éclats les clichés et les lourdeurs du balisé, et permet à chacun de mieux affirmer sa pensée et vivre sa liberté.
Maintenant que je vous ai bien fait la morale, je peux vous avouer que moi aussi, j’ai dans un coin de ma tête cette litanie du « être mieux ». Mais quand elle parle trop fort, je repense à une merveille phrase d’Alexandra David Neel
Ce qu’il faut chercher et trouver c’est la douceur sereine d’une inébranlable paix.
Et tout de suite, je vais mieux
Je vous souhaite un début 2020 des plus doux et des plus mélodieux!
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