Lize Spit, jeune auteure de 30 ans née en Belgique Flamande et enseignante dans l’écriture de scénario à Bruxelles, est la jeune femme derrière cette véritable bombe littéraire parue récemment en néerlandais. Sorte d’anti-Elena Ferrante, elle décrypte elle aussi les maux adolescents, mais sous un autre versant…
Véritable phénomène lors de sa parution en langue originale malgré sa noirceur, c’est aux éditions Actes Sud que l’on retrouve la traduction française publiée en ce début février.
En cette année 1988, dans le petit village fictif de Bovenmeer, il n’y eut que trois naissances. Pim, le deuxième fils d’une famille de fermiers, Laurens le fils des bouchers du village et Eva, la narratrice.
De leur particularité et leur contemporanéité, naît une sorte de fraternité qui les liera toute leur jeunesse.
Le roman débute lorsqu’Eva, la trentaine de nos jours, reçoit une invitation de son ancien camarade Pim pour célébrer non seulement l’anniversaire de la mort du frère de ce dernier, parti bien des années plus tôt, mais également l’inauguration de sa nouvelle laiterie automatisée.
Faire d’une pierre deux coups dans un souci d’économie et de pragmatisme représente bien l’état d’esprit du village et des personnages.
Eva décide de s’y rendre depuis Bruxelles où elle habite désormais, avec, dans son coffre, un énorme glaçon. Un bagage pour le moins surprenant qui ne prendra sens que dans les toutes dernières pages du récit pour le moins sordide.
L’histoire balance en alternance entre le retour d’Eva et le début des années 2000 où Pim et Laurens ont inventé un jeu pour mettre à plat leur théorie sur le physique des filles du village.
En effet, Eva doit leur concocter une énigme qui sera posée aux filles qui devront la solutionner et enlever un vêtement par mauvaise réponse.
Le simple jeu enfantin versera forcément dans l’horreur à un moment donné, mais quand ?
L’écriture complexe et pragmatique nous retranscrit parfaitement dans l’ambiance rurale et glauque de ce genre de lieu reculé de tout. Les jeunes sont livrés à eux-mêmes, l’oisiveté dérape en occupations graveleuses et les non-dits se forgent.
Une lecture qui ne peut laisser indifférent, presque montée sur la construction d’une charade avec ses éléments qui se renvoient entre eux de chapitre en chapitre.
Un brillant premier roman qui restera longtemps dans les mémoires.
Extrait : »C’est ce mois-ci que Jan aurait fêté son trentième anniversaire mais aussi que nous inaugurons notre site de production laitière. »
La famille de Pim a toujours cultivé ce pragmatisme économique propre aux travailleurs agricoles. Il sait que personne ne se déplacerait pour une laiterie s’il n’y avait pas un mort à honorer.
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