« Il n’est pas rare qu’on me demande pourquoi je n’écris pas des romans qui parlent de notre temps. Une possibilité, c’est de répondre que depuis des années j’écris bel et bien un gros livre sur notre temps, mais dans la presse, sous forme d’articles ».
Les éditions Gallimard publient un recueil d’articles d’Alessandro Baricco, parus dans la presse internationale entre 1990 et 2016. Avec ce titre, emprunté au cirque Barnum réputé pour ses freaks, l’auteur nous invite à partager son regard plein d’humour et de simplicité sur un monde rempli de tours de magie et de phénomènes en tout genre.
Dans son Nouveau Barnum, l’auteur s’amuse à nous offrir le spectacle du quotidien. Il y évoque sa passion pour l’art, le sport et les loisirs, abordant des sujets tels que ses voyages au stade de la Bombonera à Buenos Aires ou ses expériences de corridas en Espagne. Les figures de Beethoven, Vivian Maier ou encore Vargas Llosa se succèdent sous sa plume. On s’assoit pour méditer dans des bibliothèques à Mumbai ou dans des gares à Hanoï, et on discute de petites choses tout en gardant un œil sur l’actualité.
Le nouveau Barnum est une belle manière de plonger dans le style Baricco. Une plume qui mélange littérature et musique, maitrisant le rythme comme une partition et qui s’amuse à déconstruire nos repères narratifs.
Je vous invite à lire deux autres petits bijoux de l’auteur : Soie et The Game
1860, au Japon, une histoire d’amour et de guerre, une alchimie merveilleuse qui tisse le roman de fils impalpables. Les mots s’entrelacent comme si des racines poussaient jusqu’au plus profond du cœur.
Ce tout petit roman est d’une intensité rare, d’une beauté subtile et il a la fragilité du ver à soie…
« Quand les gens pensent voir la fin de la culture chez un jeune de seize ans qui n’emploie pas le subjonctif, sans remarquer que par ailleurs ce garçon a vu trente fois plus de films que son père au même âge, ce n’est pas moi qui suis optimiste, ce sont eux qui sont distraits ». Mêlant sérieux et humour, Alessandro Baricco raconte les événements fondateurs qui ont forgé notre monde moderne où, comme dans un jeu, chaque problème est devenu une partie à gagner.
Soie d’Alessandro Baricco est un roman qui m’a profondément émue.
Je vous parlais dernièrement de Rebecca Dautremer. L’illustratrice s’empare des mots de l’écrivain et nous offre une rencontre poétique et audacieuse autour de l’un des romans les plus élégants. Illustrer Soie, c’est mettre une image sur le visage de Joncour, sur un ver à soie long d’un kilomètre, une cigarette qui parcourt le monde, une folle scène d’amour, Flaubert, un éléphant et un catalogue d’objets rescapés d’un incendie. C’est mettre une image sur la fidélité envolée, l’amour en silence, les désirs et les souffrances. Ces images sont celles de Rebecca est c’est splendide.
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