Un monument de la littérature ! Une femme incroyable ! Une plume magistrale !
Cela vous suffit-il pour plonger dans ses livres ?
Ça devrait, mais cela ne suffira pas à remplir mon article. Je vais donc vous présenter la Grande Angela Carter !
Margaret Atwood la décrivait ainsi : « Elle était tout sauf sectaire. Rien, pour elle, n’avait de couleur tranchée : elle voulait savoir tout sur tout le monde, chaque endroit et chaque mot. Elle savourait la vie et le langage passionnément, et se délectait de la diversité. »
Venus noire
Six portraits de femmes hors du commun inspirés par la réalité ou la mythologie. Angela Carter leur donne vie, dans un érotisme sombre et nous conte leur dangereuse ambiguïté. L’autrice se réapproprie les œuvres d’écrivains masculins célèbres et nous propose un kaléidoscope mettant en lumière toutes les facettes qui forment « la femme nouvelle »
Ces héroïnes sorties de l’ombre sont toutes déchues et magnifiques. Ce sont toutes des Vénus noires.
Jeanne Duval, muse de Charles Baudelaire qu’il a mystifié dans les fleurs du mal, est ici portée aux nues. Angela Carter la libère de son sacré et lui donne corps, identité et parole ! De prostituée, entretenue par le poète, elle devient Reine, Prêtresse, Sex-Symbole puissant et menaçant !
Edgar Alan Poe n’aurait pu voir le jour sans une mère. Cette mère, Angela Carter la rend tragique, et tragédienne. Les morts incalculables de cette femme sont théâtrales et lunaires !
Vous retenez votre souffle ou soupirez de bonheur littéraire à chaque envolée d’Angela. Sa plume est terrible, caustique, engagée et d’une poésie profonde. Les Venus Noires d’Angela Carter sont sordides, puissantes, éternelles !
Je suis tombée éperdument amoureuse de ce recueil et de son autrice !
La compagnie des loups
Autre réinterprétation d’Angela Carter : les contes merveilleux. L’autrice était fascinée par la tradition matriarcale du conte oral , elle pousse son attirance jusqu’à réécrire de grands classiques. Ils sont tous là, si familiers et pourtant étrangement pervertis. Barbe-Bleue, le petit Chaperon rouge, la Belle et la Bête, le loup-garou, Blanche-Neige. Si les contes sont déjà des récits puissants, Angela Carter leur donne une beauté nouvelle. Elle ose la violence, l’érotisme et propose une morale bien différente de l’original. Là encore la plume de l’autrice est folle, passionnante et terrible ! Impossible de lâcher ce livre, tout est tourbillon décadent, tour à tour sensuel ou drôle.
Dix contes cruels aux héroïnes sanglantes et fascinantes !
Les machines à désir infernales du docteur Hoffman
Ce roman est l’exemple parfait de ce qu’est la littérature du réalisme magique: style qui permet l’intervention de magie ou de surnaturel dans un environnement parfaitement réaliste, historique ou géographique. Pas de fantasy, ni de science-fiction, juste la banale réalité sublimée par l’irrationnel.
Qualifié à sa sortie de « plus beau roman surréaliste des trente dernières années », Les Machines à désir infernales du Docteur Hoffman est , selon Angela Carter, son roman le plus audacieux.
Le docteur Hoffman, un mystérieux savant fou, « attaque » la réalité d’une ville d’Amérique du Sud en y créant des illusions. Au milieu du chaos et de la confusion qui règnent, Desiderio est le seul être insensible aux illusions déployées par l’infâme docteur. Non qu’il ne les voie pas, mais il y est profondément indifférent, comme en réalité à toute chose. Tombé amoureux, en rêve, de la fille du docteur Hoffman, ce héros maussade reçoit pour mission de remonter la trace du docteur afin de sauver la ville, et, ce faisant, s’embarque dans un voyage picaresque qui lui fera rencontrer centaures et autres peuplades plus ou moins barbares, devenir membre d’une troupe de carnaval itinérante, intégrer la suite d’un comte lituanien et échapper de peu à des cannibales…
Entrez dans ce roman, laissez vous entraîner, voguez et rêvez ! La plume parfaite d’Angela rend chaque objet, lieu ou émotion palpable, réel et spectaculaire ! Les illusions du docteur sont dérangeantes, de délices en supplices on traverse l’érotisme, l’aventure et le majestueux ! C’est sadique parfois, onirique souvent, beau, tout simplement !
Je lance un appel aux Internets: il me faut lire La femme sadienne d’Angela Carter. Je veux manger ses mots sur le sujet du Marquis de Sade, absorber sa critique de la pornographie masculine, m’abreuver de sa vision féministe de Justine. Trouvez moi cet ouvrage, ou, chers éditeurs, rééditez le !
Laisser un commentaire