En 2013, Sorj Chalandon a reçu le prix Goncourt des lycéens avec Le quatrième mur. En plein conflit religieux, le personnage principal devait mettre en scène Sophocle d’Antigone au Liban, avec des acteurs de toutes les confessions.
Pour cette rentrée littéraire 2017, je serais étonnée qu’avec Le jour d’avant, il ne soit pas au minimum dans la liste finale du prix Goncourt. Attention… coup de coeur !
Nous sommes en 2014 et Michel, le narrateur, vient de perdre sa femme. Il se souvient du jour d’avant. Du jour qui précède la mort de sa bien aimée, rongée par la maladie. Installé à Paris, où désormais plus rien ne le retient, il revient dans le Nord et se souvient du jour d’avant. Avant le coup de grisou du 27 décembre 1974 à Liévin. Avant la mort de Jojo, son frère. Le personnage de Michel, le narrateur, est complexe. Difficile à cerner, il nous surprend à des moments clés du roman et nous mène par le bout du nez. La tension est permanente.
La salle des pendus. Source : Centre historique minier de Lewarde
Sorj Chalandon nous raconte un passé pas si lointain, toujours visible dans cette région du Nord de la France où les terrils font désormais partie du paysage. Des sommets qui témoignent d’un travail inhumain, chargé de souffrances, tant physiques que psychologiques, des mineurs et de leurs proches.
Le Jour d’avant est une plongée dans le quotidien des mineurs et de leurs rituels, de la salle des pendus où se trouvent leurs vêtements au pain d’alouette qui constitue leur casse-croûte. L’angoisse du coup de grisou quand chaque matin, ils partent travailler sous terre et en ressortent chaque jour un peu plus cassé, le teint un peu plus cireux et les poumons chargés de nouvelles poussières. « Un mineur voit son sang tous les jours » dira le père de Jojo à son fils afin de le dissuader de devenir mineur. Cela ne suffira pas.
Précis, percutant, chargé d’histoire et d’émotion, Le Jour d’avant est un vibrant hommage à ces hommes qui risquaient leur vie, et la risquent encore dans d’autres pays du monde, pour nous fournir en électricité. Le débat sur la fermeture de l’ensemble des mines de charbon n’est pas simplement écologique. On en prend de nouveau toute la mesure à la lecture de ce roman profondément humaniste. Ce récit vous donnera sans doute envie de lire ou relire le grand classique Germinal de Zola.
Le Jour d’avant . Sorj Chalandon. Editions Grasset. Parution le 16 août 2017
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