Au carrefour de la tradition biblique, du folklore yiddish et du conte européen, une magnifique parabole sur la tolérance, par l’immense auteur israélien Amos Oz.
Amos Klausner est né à Jérusalem en 1939 de parents immigrants juifs d’Europe de l’Est. À 15 ans, il adopte le patronyme Oz qui signifie, en hébreux, « force ». Il étudie la philosophie et la littérature hébraïque à l’Université de Jérusalem. Depuis la parution de son premier roman en 1966, Amos Oz n’a cessé d’écrire. Dans Une Histoire d’amour et de ténèbres, il évoque ses souvenirs d’enfance qui se confondent avec le destin de tout un peuple. Ses livres traduits dans le monde entier, ont reçu les prix les plus prestigieux. Amos Oz est décédé le 28 décembre 2018 à l’âge de 79 ans.
Soudains dans la forêt profonde
« Il était une fois un village au bout du monde, encerclé par des forêts épaisses et sombres, et hanté par une mystérieuse créature nommée Nehi. Toutes les bêtes, tous les oiseaux et même les poissons l’avaient déserté. À la nuit tombée, ses habitants se barricadaient chez eux. Mais surtout, ils gardaient le silence. Seule l’institutrice du village tentait d’enseigner aux élèves à quoi ressemblaient ces animaux disparus.
Bravant l’interdit, deux enfants, Matti et Maya, décidèrent d’élucider le mystère et s’aventurèrent dans la forêt. »
Depuis cette nuit étrange où tous les animaux ont disparu mystérieusement, les villageois vivent avec une peur dont ils cherchent à se protéger en choisissant l’oubli. Sous le poids d’une culpabilité, ils font comme si les animaux n’avaient jamais existé. Mieux vaut ne pas chercher à savoir, ni même à en parler. Il est aussi hors de question de pénétrer dans la forêt. Nimi, le seul à s’y être aventurer, en est revenu changé : il ne parle plus, il ne fait que hennir tel un cheval. Par peur de contagion, l’enfant est exclu. Mais Matti et Maya refusent de ne pas connaître la vérité.
Soudain dans la forêt profonde est un court texte sous forme de conte qui parle de la différence ou plutôt de la tolérance envers celle-ci. Un petit roman qui plaira autant aux enfants qu’aux adultes.
Baigné dans une atmosphère particulièrement colorée et portée par la plume pleine de poésie d’Amos Oz, ce roman est une véritable expérience. Ce récit nous imprègne et nous happe dans cette forêt aux mille secrets. Véritable conte moderne toujours d’actualités dans notre société et rempli de moralité, nous chamboule.
À découvrir !
« […] D’ici là, prenez garde de ne pas contracter la maladie du mépris et de la raillerie. Au contraire, tâchez d’en protéger vos camarades, ou du moins quelques-uns. Parlez-leur. Parlez aussi aux insulteurs, aux agresseurs, à ceux qui éprouvaient un malin plaisir à faire souffrir autrui. Parlez à tous ceux qui seront disposés à vous écouter. Allez trouver également ceux qui se moqueront de vous, qui vous condamneront ou vous mépriseront. Parlez et parlez encore, sans vous décourager.
Un beau jour, qui sait, il y aura un revirement. Et peut-être que, dotés d’un supplément d’âme, chaque créature, hommes, bêtes et oiseaux, tous les carnivores mangeront des carnélias au lieu de chasser leurs proies.
Une fois assouvie, ma soif de vengeance se détachera de moi comme une mue de serpent, et nous travaillerons, aimerons, nous nous promènerons, chanterons, jouerons de la musique, nous nous divertirons et bavarderons sans jamais plus être le bourreau ou la victime d’autrui et sans plus nous moquer les uns des autres. »
Laisser un commentaire