« L’Histoire évolue, le regard porté sur les photographies aussi. La technique, l’objet, l’image, le concept visuel… tout semble concourir à empêcher un regard naïf (lire, à ce propos, l’oeil naïf de Régis Debray) L’oeil, avant même de se poser, est capté par des présupposés ou des modèles. Mais les questions soulevées par l’histoire de la photographie fournissent également un éclairage sur les oeuvres. elles permettent parfois de comprendre une démarche, de cerner une évolution et ainsi de faire naître un émerveillement. Ce que l’analyse historique ne peut procurer, c’est le contact direct avec l’oeuvre, le plaisir intime de sa matière, de sa texture. Ce qu’elle doit pouvoir restituer, c’est le désir d’aller voir plus loin et par soi-même. »
Anne Cartier-Bresson, préface de l’ouvrage de Naomi Rosenblum, Une histoire mondiale de la photographie.
(Paris, éd. Abbeville, 1992, p.9)
Cette préface montre à quel point la photographie est en perpétuelle évolution. Tant sur l’aspect technologique que sur l’aspect culturel.
La photographie pictorialiste est envisagée comme étant le 1er courant organisé autour de la pratique photographique. Il donne un point de départ pour la création et l’expression artistique. Ce courant se développe d’abord aux Etats-Unis entre 1885 et le début du XXème siècle et se développe ensuite en Europe et en Asie. Il se décline rapidement juste après la Première Guerre Mondiale.
Les écoles dites « pictorialistes », par une pratique totalement amateur, veulent à tout prix rompre avec les recettes commerciales d’une photographie professionnelle standardisée par les grands ateliers et aussi réagir sauvagement face à l’apparition du fameux Kodak destiné aux photographes néophytes sans prétention artistique. Pour les adeptes du pictorialisme, l’outil photographique est un art qui donne la priorité à l’intervention humaine. Il veut reprendre les codes associés à la peinture académique. À travers la création photographique, la manière de faire renvoie directement à une valeur artistique et à un savoir-faire technique. Ce courant s’oppose diamétralement au genre « documentaire photographique ». Edward Steichen fût l’un des pionniers du mouvement.
Je vous propose donc de découvrir ce mouvement qui est, hormis la photographie humaniste, l’un des plus importants chapitres de l’histoire de la photographie.
Dossier sur l’influence de la photographie pictorialiste en France : http://etudesphotographiques.revues.org/index2676.html
Lien Wikipédia utile : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pictorialisme
Dialéctique intéressante sur la tension entre peinture académique et photographie artistique naissante :
http://www.laurent-jackel.fr/photographie/les-rapports-ambigus-entre-photographie-et-peinture
Auteur : Edward Steichen ; Couverture pour le magazine « Vogue
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