« La beauté paradoxale de la série de Nadav Kander, Yangtze, The Long River, présente les effets dévastateurs d’un développement économique débridé sur les communautés chinoises vivant le long de la rivière Yangtze et leurs traditions. Une population qui compte à elle seule plus d’habitants que les Etats-Unis. » (Site Internet du Musée de L’Elysée de Lausanne)
Le Prix Pictet est le premier prix international de photographie consacré au développement durable.
Parmi les quatre artistes exposés (Benoit Aquin, Nadav Kander, Ed Kashi, Munem Wasif) c‘est le travail de Nadav Kander qui m’a le plus interpellé.
Bien que la Chine soit le pays le plus peuplé du monde, dans les photos de Nadav Kander les paysages sont vides de toute présence humaine, ou plutôt la présence humaine est signifiée à travers ses constructions, ses mégastructures (ponts, autoroutes, complexes immobiliers…). Les hommes disparaissent derrière les tonnes d’acier et de béton. Parfois quelques personnes se retrouvent isolées devant une de ces structures, écrasées par l’ampleur du désastre. Cette urbanisation remplit, domine la nature, le paysage ; elle domine les hommes qui ont bien du mal à se faire une place dans le cadre photographique.
Le yangtsé est appelé fleuve bleu, il est omniprésent dans les photos, pourtant ce sont les ocres, beiges ou gris qui dominent…La Chine honore bien son statut de plus grand pollueur du monde. Le seul bleu qui transperce de temps à autre ces tons tristes est celui des camions, d’un pont…l’urbanisation s’accapare même la couleur.
Ce fleuve s’écoule paisiblement, trop paisiblement, il semble même parfois figé, tari. En effet les hommes ont dompté le yangtsé grâce au barrage des trois gorges, le plus grand barrage du monde. Qu’est donc devenu ce puissant fleuve tumultueux sur lequel naviguait Steve McQueen dans La Canonnière du Le yangtsé (de Robert Wise 1966) ? A travers ces photos Nadav Kander nous donne la réponse : le fleuve périlleux pour aventuriers est devenu le plus grand réservoir d’eau polluée du monde.
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