Borgo Vecchio
Voyage en Sicile avec Giosuè Calaciura
La collection Notabilia des éditions Noir sur Blanc est une véritable mine d’or. A son catalogue, Gaelle Josse, Denis Michelis ou encore Sophie Divry. Pour cette rentrée littéraire, Giosuè Calaciura revient avec son nouveau roman.
Ce journaliste italien aime mettre en lumière les fêlures de la société italienne. Après avoir dépeint un portrait du Vatican dans Urbi et Orbi, il expose une galerie de personnages qui cohabitent dans la précarité dans Borgo Vecchio.
Toto, le voleur, qui planque son pistolet dans sa chaussette. Carmela, la fille de joie et sa fille Céleste dont Mimmo est éperdument amoureux. Cristofaro qui reçoit des coups quand son père descend des bières. C’est une sorte d’insouciance qui plane sur ce quartier de Palerme.
En regardant les arbres , ils furent pris d’une mélancolie qu’ils ne pouvaient pas s’expliquer. Peut-être était-ce, tout ce vert qui n’avait pas de saison et ne vieillissait jamais, peut-être était-ce ces femmes noires qui se vendaient le long des avenues et pour s’amuser faisaient des clins d’œil à Mimmo qui répondait d’un geste de la main. Peut-être était-ce seulement la fin de l’été et sentaient-ils que le temps passait comme si on guérissait d’une maladie.
Un quartier comme une communauté, où tous ferment les yeux devant les problèmes de leurs voisins. L’animosité au quotidien, le manque d’espoir et la tristesse, une atmosphère habituelle pour tous et qui se perpétuera de génération en génération.
Il continue a se vider de son sang jusqu’à l’arrivée de l’ambulance. Quelqu’un l’a appelée depuis un balcon, par pitié : dans le Quartier on ne meurt pas par amour, mais seulement par haine.
C’est tout doucement que Giosuè Calaciura effleure la violence et nous plonge avec une finesse presque enfantine dans un monde d’adultes blessés et prisonniers de la précarité et de ses conséquences.
L’Italie qui dévore le ciel
Le retour de Paolo Giordano
Teresa passe toutes ses vacances dans les Pouilles chez sa grand mère. La chaleur et la paresse au programme. Mais un soir trois garçons viennent se baigner dans sa piscine. Elle fera la connaissance de ses trois frères si différents dont Bern, ténébreux et énigmatique.
Lui excepté, ma vie d’avant, Turin, ne me manquait nullement, mais je n’essayais m^me pas de l’expliquer à ma mère ni à tous ceux qui appelaient en demandant le pourquoi de ma disparition : ils n’auraient pas compris. Ce qui comptait, c’était me coucher le soir avec Bern, l’avoir contre moi le matin, regarder ses paupières encore nimbées de sommeil, à l’intérieur d’une pièce qui était uniquement à nous et d’où l’on ne voyait que des arbres et du ciel
10 ans après La solitude des nombre premiers, Paolo Giordano revient avec Dévorer le ciel. Et il décortique un sujet qu’il maîtrise : le passage à l’âge adulte, la désillusion de l’enfance. Ce qui prime dans ce roman, c’est son atmosphère. Sous ses airs d’insouciance, de futilité des émois de vacances, on sent une tension. Des failles. Une secte dans la ferme voisine. Des adolescents particuliers. Des silences. De l’incompréhension. De l’animalité. Une histoire pleine de nuances, délicate et tourmentée. Chaque personnage est travaillé avec finesse et on suit avec émotion le cours de leurs vies. D’étés en étés, de l’Italie à l’islande, Paolo Giordano nous embarque de la première à la dernière page.
Un roman pour tous les nostalgiques de La solitude des nombres premiers, cette histoire qui suivait sur plusieurs années la vie de deux personnages un peu en marge, vraiment attachants, tout en abordant la brutalité de l’adolescence. Adapté au cinéma en 2010, ce roman avait reçu un prestigieux prix littéraire italien. Paolo Giordano reprend avec succès la même trame dans Dévorer le ciel.
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