A chaque période son ambiance… Il s’avère que, pour moi, l’arrivée du printemps s’accorde à merveilles avec des histoires douces, simples (à l’opposé de l’hiver où j’aime à résoudre des énigmes policières). Et cette ambiance a été jusqu’à maintenant introduite par Les jours sucrés, renforcée par The Time Before et vient prendre toute son ampleur avec la nouveauté de chez Dupuis : Macaroni, de Thomas Campi (au scénario) et Vincent Zabus (à l’illustration).
Attention, douceur ne veut pas dire léger ni sans profondeur mais plutôt la mise en scène de personnages aux qualités marquantes, des relations touchantes, des focus sur des moments de vie qui nous donnent l’envie de découvrir des pays, des cultures ou des périodes historiques que nos aïeux ont connu.
Ici nous plongeons dans la vie d’un immigré italien qui a débarqué en Belgique alors qu’il était jeune mariée et jeune père… Ottavio Rossetto a grandit sous Mussolini, et comme sous toute bonne dictature, le peuple a été obligé de commettre des actes irréparables au nom de la nation et ont reçu une éducation basée sur la propagande. C’est ainsi que n’étant qu’un simple jeune homme, Ottavio a été envoyé au front pour combattre avec les allemands, sans même connaître les tenants et aboutissants des morts qu’il allait engendrer. Comme il l’expliquera : « à 18 ans, on m’a envoyé à la guerre. Benito Mussolini, il m’a dit de tirer. Je savais pas sur qui mais j’ai dit oui… »
Et c’est aussi comme cela qu’il se retrouva en Belgique, pliant sous la pression de son épouse qui ne cessait de voir des affiches roses placardées sur les murs de la ville ventant ce pays comme le nouvel eldorado où les italiens étaient attendus comme des rois… des rois de la misère en fait, vivant dans des maisons de tôle, cumulant des conditions plus dures encore que le chômage connu dans leur patrie et ce malgré qu’ils aient un emploi. C’est sûr, le travail qu’on leur offrait était celui de travailler à la mine, de ne respirer plus que du charbon, de perdre leur santé et de n’avoir d’énergie que pour s’effondrer lorsqu’ils rejoignaient enfin leur baraque austère.
Et c’est cette réalité que le jeune Roméo va découvrir lorsque son père, obligé de s’absenter, le déposera chez « le vieux chiant » (son grand-père) pour une semaine.
Les auteurs nous plongent dans une relation tri-générationnelle masculine toute en virilité et en tendresse et nous rappellent avec finesse que nous connaissons parfois bien peu de choses sur nos grands-parents, souvent réduits à des personnes âgées limite radoteuses…
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