Virginia, une femme de lettres
Véritable pilier de la littérature anglaise du XXe siècle, Virginia Woolf est à l’honneur cette semaine au cinéma dans « Vita et Virginia », un film qui retrace son histoire d’amour passionnelle avec Vita Sackville-West. Un bon prétexte pour se replonger dans ses œuvres.
Virginia Woolf, créatrice visionnaire
Quelques heures avec Mrs Dalloway
Trois destins s’entrecroisent dans le film The Hours de Stephan Daldry, adapté du roman éponyme de Michael Cunnigham. Celui de Virginia Woolf (Nicole Kidman) d’abord. Suite à plusieurs crises de démences, son mari décide de quitter Londres pour s’installer avec sa femme à la campagne.Loin de trouver le bonheur dans la quiétude de la nature, Virginia s’inspire de son mal-être pour travailler son chef d’oeuvre : Mrs Dalloway. Roman poétique et hypnotique, Mrs Dalloway, publié en 1925, présente la particularité de se dérouler sur un seul jour. Véritable questionnement intérieur, il retrace le cheminement des pensées d’une londonienne des années 20. Ici il n’est pas question d’action, mais de psychologie. La vie du personnage principal est une remise en question de l’existence (factice) de tout un chacun.
Années 50, Laura Brown, interprétée par Julianne Moore, s’apprête à célébrer l’anniversaire de son mari aimant et dévoué. Son fils Richie est le seul à percevoir son malaise. Car, sous les apparences d’une vie parfaite, Laura n’est pas comblée. Enceinte de son deuxième enfant, elle peine à se définir comme mère au foyer et est attirée par sa voisine. Elle est perdue et remet en question l’utilité de son existence en lisant Mrs Dalloway.
Clarissa (Meryl Streep) vit avec sa compagne dans un grand appartement. Elle s’apprête à organiser une fête pour son meilleur ami Richie qui vient de recevoir un prix littéraire. Tout doit être parfait pour le seul homme grâce à qui sa vie a un sens. Atteint du VIH, Richie ne veut plus de cette vie de souffrance, se moque de l’impact de son livre et souhaite mettre un terme à ses névroses. Le surnom qu’il donne a sa meilleure amie ? Clarissa Dalloway, en hommage au personnage du roman préféré de sa mère…
Comme dans le roman de Virginia Woolf, le film ne se déroule que sur quelques heures et se veut comme un écho de l’oeuvre. Aussi fort et émouvant, il reprend à la perfection les tourments de Mrs Dalloway et de Virginia Woolf elle même.
Vita et Virginia
Virginia et Orlando
Mercredi sortait le film Vita et Virginia sur la rencontre des deux femmes dans les années 20. Vita Sackville-West, forte et ambitieuse courtise Virginia, fragile et sensible. Alors qu’elles sont toutes les deux mariées, elles entament une liaison passionnée sans se préoccuper de la morale religieuse de l’époque. L’actrice du Choc des Titans ou encore d’Emma Bovery, Gemma Arterton, incarne la fougueuse Vita, alors que Elizabeth Debicki ( Gatsby le magnifique) sera Virginia Woolf. Une cinématographie raffinée, deux actrices prometteuses, c’est ce que nous réserve ce film sensible qui se veut l’histoire de la création d’une oeuvre : Orlando.
Dans Orlando, Virginia Woolf se place en biographe. Orlando est tour à tour homme ou femme, change de profession, traverse les siècles. La plume de Virginia Woolf est subtile, Orlando une chorégraphie. Si son accès n’est pas des plus aisé, on se sent par la suite transporté dans un monde imaginaire mais cruellement réel où sont abordés plusieurs sujets bien actuels comme la place des femmes dans la société, la face cachée des hommes, la question de genre. C’est un roman précurseur et fourni. On devrait cette inspiration à Vita Sackville-West.
« La pièce s’acheva enfin. Tout était devenu sombre. Les larmes ruisselaient sur les joues d’Orlando. En levant le regard vers le ciel, une noirceur absolue régnait là également. Ruine et mort, songeait-il, recouvraient toutes choses. La vie de l’homme s’achève dans la tombe. Les vers nous dévorent. »
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