Chaque lundi, aux alentours de 16h30, votre humble serviteur Florian De La Fnac chronique un manga de son goût: une découverte, un classique ou une curiosité.
Cette semaine : Wolfsmund de Mitsuhisa Kuji, chez Ki-oon.
Tout comme la culture nipponne passionne un bon nombre d’européen, notre culture passionne, elle aussi, un bon nombre de Japonais. Parmi eux, on retrouve bien-sûr des mangaka, dont la fascination du vieux continent se ressent jusque dans leurs histoires. On se souvient de Monster qui se déroule en Allemagne dans les années 1980, de Thermae Romae qui prend place durant la Rome antique, ou plus récemment de 7 Shakespeares qui s’installe en pleine Angleterre du XVIème siècle. Et contre toute attente, c’est autour de la Suisse d’inspirer nos amis nippons avec Wolfsmund, un manga moyenâgeux qui n’épargne pas grand monde, pas même le lecteur.
A la fin du XIIIème, les cantons d’Uri, Schwytz et Unterwald se rassemble et signe le pacte fédéral, afin de protéger les intérêts économiques et prévenir toute agression extérieure. Seulement voilà, le Duc Habsbourg Léopold 1er d’Autriche (rien que ça !) ne voit pas les choses de la même manière et va donc envahir et faire régner la terreur sur la toute nouvelle Suisse. Des poches de rébellion se créent rapidement au sein de la population, mais les fonds et les bras manquent et il n’existe qu’un seul endroit où en trouver : l’Italie. Mais pour ça, ils doivent passer par le col du Saint-Gothard, tenu par le cruel et malin Wolfram, émissaire des Habsbourg, qui baptisa sa forteresse Wolfsmund : la gueule du loup…
Chaque volume comprenant trois histoires courtes distinctes, on devine facilement le sort qui est réservé aux personnages, qui chacun leur tour essaie de passer illégalement par ce fameux col. Les récits ne sont donc pas très originaux et peut-être répétitifs, mais le réalisme avec lequel ils sont traités est à couper le souffle. Le Moyen-âge, c’est le Moyen-âge avec tout ce qui va avec : violence, non respect de la vie humaine, misère, maladies… j’en passe et des meilleures. Mitsuhisa Kuji retranscrit parfaitement cette atmosphère sans pitié et surprend par la brutalité de ses tournures d’évènements. On en a presque le souffle coupé ! L’injustice insupportable et personnifié par Wolfram ne nous donne qu’une envie : voir mourir ce personnage dans d’affreuses souffrances. Mais c’est exactement sur cette ambivalence que se stabilise Wolfsmund et d’où il en tire toute son originalité. Ici pas de magie et pas d’exploits extraordinaires, choses rare dans la fantasy, mais une véracité historique et documentée. On retrouve même notre Guillaume Tell national, qui lui tente carrément de passer par les cols pour éviter la forteresse de Wolfram. Y arrivera-t-il ? Rien n’est moins sûr.
Un special big up donc pour le premier manga qui se déroule en Suisse et qui fait preuve d’une originalité crue et violente.
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