L’individu lambda descend du singe. Les membres de ZZ Top sont les descendants direct de Fort Alamo. Billy Gibbons, virtuose à la voix rauque, n’a pas eu à forcer son talent inné pour que Jimi Hendrix le désigne meilleur jeune guitariste du pays. On est en 1969. Imberbe mais déjà doté d’une classe froide, il apparaît depuis ce jour-là au moins une fois dans chaque livre qui traite des légendes du blues. Ce blues qui est né un peu partout, musique qui sonne rébellion sans jamais vraiment être protestataire… Mais à avouer notre penchant pour les ZZ, on aurait tendance à penser qu’il a émergé du Texas profond. Du haut BB King jusqu’au bout ZZ Top de l’alphabet, ce genre démultiplié depuis en divers styles a moins peur de vieillir que son propre public. Pas près à rester retranchés dans leur « Grange » indestructible, les ZZ Top résument tacitement leur existence à trois choses: les bagnoles, les guitares et les filles. Drôle d’idéologie pour des barbus. Très peu dans l’air du temps, leur blues-rock ne cherche plus tant à vendre, mais en réalité à ne pas faire de quartiers.
Ne leur demandez plus « pourquoi ZZ Top ». Le mystère n’a jamais été élucidé, il y a prescription. Symbole de résistance, tout sauf désespérée. Annoncé, repoussé, usurpé, leur retour discographique nous a déconcerté. Dernier album en date? 2003 (« Mescalero« ). Et quasi-râté. 2012: un autre barbu (Rick Rubin), adulé dans le métier, se penche sur leur cas. On vire les claviers, on dégage les fioritures et on remplace les cactus synthétiques par des murs d’amplis. Retour au classique emblématique! D’un EP aux allures Hell’s Angels (« Texicali« ) paru en juin – c’est à ce moment-là que l’on a vraiment recommencé à y croire – on est passé à une pochette daltonienne à trois sur « La Futura ». Trio légendaire où Billy « Averell » Gibbons est bel et bien le plus grand, en tous points. Re-habitué à un son dense et épais (« I gotsta get paid », « Consumption« ), ZZ Top ironise presque à proposer boogie d’antan (« Chartreuse« ) et riffs dansants (« I don’t wanna lose, lose, you« ) qui auraient fait le bonheur du MTV des 80’s, mais ça, c’était avant. Gibbons nous envoie très haut en bottant la concurrence très loin (« Flyin high« ), du bout des cordes que l’on croirait attaqués au « peso » – médiator de fortune en milieu aride – aux cendres virevoltantes de romances à l’eau de feu (« Heartache in blue », « It’s too easy Manana« ). A partir d’un certain âge, la popularité ne coïncide plus forcément avec le génie, mais souvent avec le respect.
Gyslain Lancement
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