A-t-on le droit de se la péter autant? On en a toujours voulu à Oasis de s’autoproclamer « plus grand groupe du monde »: autres moeurs, autres valeurs et (déjà!) autre époque. Mais, à l’heure où les plus belles galettes Punk de l’histoire – Ramones, Clash, Pistols… – squattent les bacs à soldes et s’offrent à des prix dérisoires à une jeunesse snobe qui a malgré tout vite compris que le skateboard et Green Day ne faisaient qu’un au royaume des hobbies démodés, comment peut-on croire aux Hives, ces scandinaves nouveaux « rois » du genre et si sûrs de leurs faits? La vantardise est souvent la marque d’un complexe, et dans le cas présent, d’un besoin de reconnaissance au sein d’un pays qui accueille plus volontiers le Black (ou Death) Metal à bras ouvert que le Punk aux contours arrondis. Et puis honnêtement, les suédois habillent déjà la moitié de la planète et des cuisines en kit – leurs canapés si bon marché aux noms imprononçables (« Ektörpp », « Kærlsäd »…) pourraient signifier « je vous emmerde » que l’on n’en aurait pas la moindre idée. Trop cintrés pour avoir la classe des Godfathers et trop cinglés pour admettre avec le sourire qu’il y eut bien mieux avant eux (notamment les Nomads, eux aussi made in Sweden), on doit néanmoins une seule chose aux Hives, et ce depuis dix ans: leur inébranlable efficacité en live. Suffisant pour sauver le Punk?
Cinq années ont passé depuis leur « Black&White album » au slogan qu’il ne valait mieux pas prendre au sérieux: « on a décidé de marier les noms de deux immenses albums pour en faire un encore meilleur ». RIP l’originalité. Résultat: ça n’a pas si bien marché, juste suffisant pour vendre de l’ambiance aux festivals de seconde zone mais pas assez pour marquer l’histoire du Punk au fer rouge. Englués dans une suffisance qui altéra un peu ce bel élan garage qu’on leur devait depuis le premier commandement (« Veni, Vedi, Vicious en 2000), les Hives ont décidé de tout faire eux-même pour ce nouvel album. Ne rien devoir à personne: « Lex Hives« chasse les rumeurs qui faisaient état d’une séparation, et nos cinq vikings slim tempèrent leur côté byzantin pour mieux se réinventer. Place au haut de forme et à la queue de pie. Les idées les plus simples sont les meilleures, et avec « Come on« , les Hives mettent une croix sur l’intellectualisation du Punk dès l’intro et en 1″09. Avec un Chris « Dangerous » à la batterie et un Matt « Destruction » à la basse, le groupe s’appuit sur une rythmique qui ne laisse que peu de place au superflu. S’ensuivent du power-chord cuivré et entêtant (« Go right ahead »), un aperçu de réponse garage aux Stones (Keith Richards qui jouerait propre sur « 1000 answers« ?), un aveu tout sauf innocent (« I want more« ) que Jack White n’a jamais écrit ou peut-être bien qu’il l’a écrit cent fois, du remplissage pour faire patienter (« Wait a minute« ) avant une énergie folle et transcendante qui fera apparaître Wilko Johnson (Dr Feelgood) dans l’imagination des plus acariâtre (« Patrolling days« ). Howlin’ Pelle Almqvist enchaîne les prouesses vocales (« Take back the toys », « My time is coming », « Midnight shifter ») et se vante d’avoir le droit d’exister comme leader sans forcément être Mick Jagger. Lui ressembler, c’est déjà bien. Font chier ces suédois.
Gyslain Lancement
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