Champagne! La région du même nom est bien connue pour ses bulles haut de gamme et pour ses sangliers. Moins pour ses groupes de rock. The Bewitched hands (on the top of our heads – nom complet) en est un, c’est un peu un mélange du meilleur des trois et, si vous l’avez loupé à sa sortie l’automne dernier, vous avez eu tort. En marge des télés-crocheurs qui tentent piteusement de s’assumer en chantant en prime time à la télé, la scène rémoise est en passe de s’imposer dans l’indé made in France. Déjà, avec le seul Yuksek (ami du groupe) qui a réussi à endormir à la fois des Daft Punk plus occupés à (Tron)çonner de la BO électro-symphonique et des Justice qui n’arrivent pas à couper les ponts avec leur métabolisme de pur-sang clubber, et maintenant les Bewitched Hands qui ne peuvent plus nier leur ressemblance avec les Arcade Fire, le rock hexagonal peut marcher la tête haute ou courir à grands pas, au choix. Découvert aux Transmusicales de Rennes et lauréat du concours CQFD des Inrockuptibles en 2008, le sextuor (dont une seule fille) s’est définitivement révélé en 2010 tout au long des festivals aussi prestigieux que révélateurs (Printemps de Bourges, Eurockéennes). Une fois les critiques rock dans la poche, après avoir bousculé la suprématie de Clermont-Ferrand sur le trône de capitale du Rock, il était temps de se pencher sur le groupe français le plus prometteur du moment. N’en déplaise à ceux qui ne s’intéressent à rien et qui pensent que le Rock bleu-blanc-rouge appartient toujours à la dépouille Noir Désir: c’est fini les mecs, ensemble tournons la page; et en plus ici, on parle anglais.
Bien souvent, mélanger les genres peut vite tourner au digestif pesant, le truc que l’on rote en se jurant de ne plus jamais succomber. La musique des Bewitched Hands remonte l’estime de l’indé national comme les bulles du mousseux grand luxe local s’extirpent du fond d’une flûte en cristal. Tambourins troubadours, percussions enchantées, guitares musclées et batteries schizophrènes, les Bewitched Hands s’en donnent à coeur joie dans ce premier album « Birds & Drums ». Pop baroque ou californienne, grunge nineties, stoner allégé, tout le monde a été élevé dans le même moule et chaque membre a mis la main à la patte. On sent l’esprit de communauté à plein nez, vintage oblige. Sans jamais déborder du buvard, Les Bewitched Hands transforment un surfer de l’ouest en grunge des bas-fonds (« Underwear », « 2 4 get »), enfoncent la pop 60’s dans un siphon criard et inquiétant (« So cool ») et montrent (au hasard) à Didier Wampas que l’on peut gueuler comme un punk en étant juste (« Cold »). Dans un élan décomplexé et spontané, on peut même y trouver des tubes entêtants et bien faits, prêts à s’imposer sur les playlists étrangères (« Work », « Birds and Drums »). La maîtrise de la beauté du psychédélisme ne semble pas être un problème (l’incroyable « Hard to cry », « Kings crown »), on est prêt à pleurer for ever, plus on avance dans l’album et plus on se dit que nos six rémois n’ont rien à envier à personne. Vous l’aurez compris, la musique des Bewitched Hands gravite autour des plus grands (« Stayin around »). Les voix haut perchées, dans une chorale lumineuse qui aveuglerait un Jack White et un Robert Plant, on s’envole tout en étant sur le cul (« Sahara dream »). Si les mecs étaient ricains, ils auraient mis Arcade Fire au tapis. Mais tant pis, c’est déjà bien d’être LE groupe français à prendre au sérieux. Plutôt deux fois qu’une.
Disponible en cd: The Bewitched Hands (on the top of our heads), « Birds & drums »
En concert au Paléo Festival le samedi 23 juillet
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