Je fais partie de ceux qui pensent que les Guns’n’roses, c’est plus Slash qu’Axl Rose. Avec le recul, ceux qui disent le contraire sont soit roux, soit défenseurs de la cause des éternels opprimés sus-mentionnés, mais gardons espoir: leur jour viendra. Les Guns, portés par une success story de 1987 à 1993, n’ont pas attendu les premiers signes de la routine et ont préféré exploser en plein vol: l’amour dure deux fois trois ans, ou presque. Est-ce pour autant à cause d’eux que le glam-métal s’est étiolé? Pas forcément. Faut dire que se coltiner Axl Rose ne doit pas être de tout repos; alors, à force de vrais-faux splits et d’engueulades, Slash va se rebeller, s’endurcir – vodka-café au p’tit dèj – poussant même jusqu’à développer une forme de « Les Paul de la Tourette » – obsession compulsive sur l’objet qu’il maîtrise à la perfection et qu’il entasse par dizaine – et du coup va se soigner et s’émanciper, ailleurs. On retiendra une expérience au sein des Velvet Revolver (2004-2007) qui se voulaient franc-tireur mais qui se sont vite retrouvés pompeux, graisseux, finissant dans ce à quoi on voulait au départ tourner le dos: l’indifférence générale. Néanmoins, ce fut suffisant pour qu’Axl Rose se retourne (déjà) dans sa tombe, mise en bière lente qu’il se creuse lui-même à force d’en remettre une couche sur l’échec de ces quinze dernières années: la démocratie chinoise (« Chinese Democracy », paru en 2008 comme « nouvel » album des Guns, avec un clône vestimentaire de Slash à la guitare). Depuis ce jour-là, perdus dans une guimauve nu-métal sauvée par Pro-Tools, Axl-Rose, le monde entier moins les attardés ont fait une croix définitive sur une vraie reformation au complet.
Être moi con qu’Axl Rose tout en étant quasi-meilleur que lui? C’est par cette question que Slash, l’ex-guitariste toujours virtuose de feu Guns’n’roses va commencer à tabler pour mener à bien la suite de ses aventures solo. Son retour éponyme, en 2010 fut musicalement assez discret, malgré un line-up taillé pour la nostalgie (puisque quatre des cinq membres d’origines des Guns répondirent présent) au milieu de pretes-voix de tous bords: Fergie, Kid Rock et Adam Levine pour les pires, Chris Cornell, Iggy Pop, Lemmy Kilmister ou Ozzy Osbourne comme gratin. Oui, Slash a beaucoup de copains. Mais c’est sur Myles Kennedy (Alterbridge) que le guitariste au chapeau haut de forme jeta son dévolu. Et pour cause, Kennedy n’a de malédiciton que le nom qu’il ose porter, puisqu’il s’avère etre le meilleur chanteur de métal actuel. Alors en 2012, chanteur de métal, ça veut dire quoi? Cela signifie que l’on peut débiter comme un canard tout aussi bien que ses ainés, Axl Rose compris. Frontman de la formation depuis la tournée qui suivit le come-back de Slash en 2010, Myles Kennedy a trouvé son terrain de jeu. Puisque les « supergroupe » sont tendance… Et si aujourd’hui la musique de Slash sonne mieux qu’il y a vingt ans, c’est aussi grâce à tout ça. Du titre évocateur au fin fond de riffs incisifs, « Apocalyptic love » regorge de réferences aux années glam-métal, de maquettes enfouies que la débilité d’Axl Rose n’aurait pas terni, bien cachées dans ce talent bonifié avec les ans et qui fait de Slash l’un des dix meilleurs guitaristes de tous les temps. Slash sort couvert mais s’emploie à faire grimper tout ce qui bouge aux rideaux (« Anastasia », « Not for me »), et je ne vous parle pas des solos, pour la plupart indescriptibles de beauté (« Apocalyptic love », « We will roam »). Le gratteux moyen ou confirmé ne trouvera pas la petite bête et repartira avec la claque de l’année niveau rythmique (« No more heroes », « Standing in the sun », « You’re a lie », « One last thrill »), pour peu qu’il tende l’autre joue histoire de les avoir bien rouge (« Bad rain », « Hard & Fast »). L’album vous gratouille et vous chatouille jusqu’à ce sixième sens qui fait de Slash une figure caricaturalement divine. Un disque pour lequel on se fout complètement des paroles et de ce que les refrains véhiculent. Un disque de Slash quoi…
Gyslain Lancement
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