En mai, fais ce qu’il te plait. John Lydon, (le Johnny « pourri » des Sex Pistols) n’a jamais attendu de voir le printemps bourgeonner pour entreprendre ce qui lui chante. Il a mis sa jeunesse au service d’un compostage multiculturel dont il se défend encore aujourd’hui, tant et si bien qu’on l’a considéré comme un chanteur plutôt sur le tard. Après les permissions, la rémission et les rééditions, vient la procréation. Public Image Limited, c’est un peu l’histoire de deux vies. Leurs annales punk ont pris les devants, récupérant les projections d’une cervelle britannique égarée sur le chemin boueux du conformisme, cerveau que l’on pourrait résumer avec le nom du siècle: les Sex Pistols. On peut sans doute tout lui reprocher, d’avoir flingué le punk traditionnel à son idée avant même de s’en être torché avec le brouillon – et quel brouillon! – mais Lydon a toujours conservé les assises de sa renommée: énergie et provocation. Alors, si son PIL paraît inusable, tout de même, vingt ans sans disques, ça commençait à faire long. Crétin fini ou génie lessivé?
A tous ceux qui le voient tenter un come-back le ventre vide: vous ne pouvez pas lui faire plus plaisir. Sur « This is PIL », Lydon s’amuse. Il se moque des frontières et met tout son coeur, dans un rot primaire introductif, à annoncer la couleur du p’tit dernier: « This is PIL ». Vingt ans de retenue, faut que ça sorte. « I am John and i was born in London, i am no vulture, this my culture. L’accent suburbain ne trahit (et ne craint) personne. Après tout, on peut venir du chaos et faire de vieux os. Sa teutonnerie krautrock répondant à une fraîcheur « Nevermind the bollocksienne » aiguë tantôt punk, tantôt reggae sont, pourquoi pas, une alternative envisageable pour comprendre la complexité du monde. Lydon rêverait de montrer sa PIL aux pétroliers du moyen-orient? Eux n’y voient qu’une énième diablerie occidentale. Pardonne-leur Father John, ils ne savent pas ce qu’ils loupent. A en croire l’anthologique « Out of the woods » qui clôture le (pour l’instant) plus beau disque de l’année, la mauvaise foi s’inclinera devant ces neufs minutes biliaires. En 2012, post-punk ne veut plus rien dire, mais au moins – et n’en doutez plus – ce genre leur appartient, et c’est déjà bien. Un petit pas pour l’homme, un gros pet pour l’humanité.
Gyslain Lancement
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