La question n’est pas de savoir si l’on aime Oasis ou pas. Et pour beaucoup, le frère Noël est une ordure. La raison? L’ainée des Gallagher est parti seul d’Oasis avec les clés du camion. Car il faut juste se souvenir d’un détail qui a son importance: la dimension d’un groupe qui a régné sur les vingt dernières années comme personne à coup de cent millions d’albums vendus. Aussi parce qu’il ne faut plus avoir peur des mots: Oasis (et son songwriter orphelin) est un des plus grands groupes de tous les temps. Dès le début admiratrice revendiquée des Beatles, la bande, une fois disloquée, a continué d’étendre ses influences. Beady Eye lorgne vers Lennon? Noel montre une hotte solitaire bien (mieux) remplie, prête à se déverser sur un Rock rétrogradé et enseveli dans la variétoche. Mais ne comparons pas l’incomparable. Noel Gallagher a choisi la voie des outsiders, a mis ses peurs de côté et son talent face avant. La fin tragique d’Oasis – laissant en plan les milliers de fans venus les acclamer à Rock en Seine en 2009 – donnait irrémédiablement un regain d’intérêt aux moindres mouvements des frangins terribles de Manchester. Du coup, ceux qui avaient perdu de vue Oasis attendaient d’un oeil persan le solo de Noël, dédaignant presque le gouailleur Beady Eye. Sans se douter qu’un classique allait bientôt pointer le bout de son nez?
Mais Noel, dans une étonnante modestie – penchant agréable de son tempérament rugueux – va même jusqu’à snober la provoc’ en « four letter word » de son cadet. On peut même dire que le désenchantement déserte totalement les dix titres de cet effort solo. Profonds et généreux, les morceaux donnent au revival nineties une raison d’exister (« If i had a gun », « Record machine »), en baise-main d’un égo mis au service de la simplicité pop (« Dream on », « Soldier boys and Jesus freaks »), quand ce n’est pas pour servir l’audace du mec sûr de soi (« The death of you and me », « AKA… what a life »). La confiance sied merveilleusement à son auteur et la faiblesse attendra. Noel Gallagher est « ce » songwriter que le siècle attendra indéfiniment. Cent années qui se raviseront au souvenir de chevauchées orchestrales majestueuses (« Everybody’s on the run ») et de cavalcades psychés d’une sacro-sainte authenticité. Comme à chaque fois, la fibre « ga-gallagher » a défié les modes et arrêté l’horloge le temps d’un album (« Stop the clocks »). En attendant une reformation (les récentes déclarations des frangins terribles tendent vers un souhait commun) pour les 20 ans de « (What’s the story) Morning glory »? Dans l’histoire du Rock comme chez les Gallagher, rien n’appartient au hasard, surtout lorsque le grand frère montre à Liam que le talent ne s’achète pas. Sauf peut-être si Noel glisse à ce dernier son « High Flying Birds », bijou qui sent le bois mais pas le sapin…
Noel Gallagher’s « High Flying Birds » disponible en CD, CD/DVD et LP
Laisser un commentaire