Du sang, de la chique et du mollard, telle est la devise de Motörhead depuis 30 ans. Rajoutons-y des « ¨ » (points, boutons) un peu partout dans les titres et sur le visage atypique de son leader. Icône du heavy-métal, Lemmy Kilmister défie les lois de la science. Son pouls? Le tempo ultra saturé de sa basse. Ce qui coule dans ses veines? Un truc chaud-bouillant qui doit avoisiner les 50 degré. Un nouveau disque du groupe ne révolutionne plus le Rock mais nous rassure toujours un peu plus sur le bourbon et nous amène chaque fois au constat suivant: l’alcool, ça conserve. Un sixième album en dix ans et un documentaire sur son leader (« Lemmy, 49% Motherfucker & 51% son of a bitch ») font de Motörhead le groupe hardos du moment. Débutée en 1975, la carrière des chevelus britanniques a connu le succès d’entrée, la désillusion, les changements de line-up, mais a su renaître et mettre à plat le bug de l’an 2000. Lemmy y est sans doute pour quelque chose, lui à qui on prédisait une espérance de vie légendaire d’environ 27 ans s’il continuait dans sa veine sex, drugs and rock’n’roll.
La bande à Lemmy empile les disques comme un biker empile les kilomètres au guidon d’une cylindrée grasse et hurlante. Avec une même ligne de conduite faite de brut, de bruit, de bulles et de farines, la mayonnaise de Motörhead à l’immense avantage de ne jamais tourner au vinaigre. Pour peu qu’on soit un peu en phase avec le monde viril et puissant qui va avec. Vous l’aurez compris, la musique à Lemmy s’impose en parfaite bande son d’une virée en Harley. Avec une face aussi marquée qu’une éponge salie par le lustrage d’un flat twin, Lemmy donne toujours plus de caractère à ses albums et à l’écoute des premiers riffs de ce « The wörld is yours », la sueur ne fait qu’un tour. La double pédale et le phrasé surchargé de « Born to loose » cherchent du regard les plus grandes heures du groupe, tendant vers un heavy-métal plus accessible qu’à l’accoutumé. Lemmy sait comment se retrouver au purgatoire (« I know how to die »), il semble même déjà avoir un pied en enfer et sa voix d’outre tombe vous salue bien sur « Brotherhood of man ».Possédé par tous les diables, hurlant et régurgitant le démon sur « Devils in my head », Lemmy traîne Chuck Berry dans la boue dans un »Bye bye bitch », blues des ténèbres qui rend encore plus rugueuses les racines du groupe. Le reste, du pur heavy-métal, un truc à fatiguer n’importe quel ampli.
Avec Motörhead, la redondance devient identitaire, et ce « Wörld is yours » ravira les fans de bière et de grosses cylindrées vintage. Fidèle aux conventions informelles qui façonnent les dieux du rock, Lemmy nous prouve une fois encore qu’il est taillé dans un bois à part, un bois qui brûle mais qui ne se consume pas.
Extraits à écouter ici: Motörhead, « Bye bye bitch » – Motörhead, « Devils in my head »
Laisser un commentaire