C’est fou comme la maladresse verbale peut tuer un groupe. Kula Shaker, c’est avant tout l’histoire d’un mec (Crispian Mills) qui a eu un déclic malheureux en séjournant quelques mois au pays des épices et des vaches sacrées (ce qui donna ce nom typique au groupe). Comme tant d’autres avant lui (Georges Harrison, John Lennon…), il a abusé des vapeurs de la spiritualité hindouiste, au point de déclarer maladroitement être « fasciné » par la « svastika » (symbole sanskrit repris par la dictature nazie). A ce moment-là, l’extra-musicale va prendre le dessus et la presse va le descendre, étranglant par le même coup son génial projet…. Première mort du groupe, nous sommes en 1998…
Pourtant, l’histoire avait si bien commencé: en 1996, Kula Shaker sortait « K », joyaux britpop qui fit plus que frissonner les frères pochtrons Gallagher et qui laissait présager une carrière brillante à la formation londonienne. Pression, dépression, tabloïds, Crispian Mills décide de retourner en Inde afin de retrouver une certaine sérénité… Dur de se mettre la communauté juive à dos… Abracadabra, poudres et autres bains aux pétales de fleurs vont transcender notre homme. 1999 sera l’année d’un grand disque: « Peasants, pigs & astronauts » (disque à posséder – extraits à écouter en bas de l’article). Décrié par la critique, incendié par les chroniques, savaté par le gratin du showbiz Rock, cet album est le grand incompris de la fin des 90’s: plus ambitieux, tu meurs, plus réussi, tu pleurs. Les ventes ne suivent pas, la machine s’enraille: split du groupe.
Entre silence et projets avortés, Kula Shaker va refaire surface en 2007 avec un disque mûr et surprenant, « Strange Folk »… Un prémice à ce « Pilgrims Progress » symbole de renaissance. Juillet 2010, on y croyait plus: le retour des enfants bafoués du rock psychédélique. Ce nouvel album arrive sans prétention: exit les dents longues et les guitares fissurantes. Ce disque va puiser dans les 60’s, on croirait entendre à nouveau du label Island de l’époque bénie du Folk. On baigne dans un univers où « Traffic » et « Caravan » seraient les rois (2 groupes majeurs de la British Invasion). Arpèges acoustiques et mélodies cotonneuses (« Cavalry », « All dressed up », « Ophélia »), pop aux faux airs baroques (« Peter pan RIP »), ballades rythmées 70’s (« Modern blues ») et longues complaintes aux allures post-rock psyché (« Winters call », admirez le final) chargent en émotion ce « Pilgrims Progress ». Non loin des influences instrumentales indiennes avec ses sitars, flûtes et tabla, Kula Shaker remonte doucement mais sûrement la pente savonneuse qui l’avait vicieusement fait trébucher durant 8 longues années. Un groupe qui a su devenir culte en 4 albums, s’est regardé dans la glace un matin en se disant: « We are fuckin’ Kula Shaker ». « Pilgrim’s progress » sera vénéré sur plusieurs générations: dans 10 ans, 20 ans, 30 ans…. A posséder.
Extraits de « Peasants, Pigs & Astronaut » (1999): Kula Shaker, « Great Hosannah » – Kula Shaker, « Shower your love »
Extraits de « Pilgrims Progress » (2010): Kula Shaker, « Peter Pan RIP » – Kula Shaker, « Winter’s call »
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