Kasabian détestent la popularité de Manchester United, ils préfèrent la bière fraîche à l’earl grey traditionnel et sont adoubés depuis leurs débuts par les frangins Gallagher. Suffisant pour se faire détester par les fans de Coldplay, Keane, Muse ou autres stars de la pop en sachet. Nonchalante mais cent fois plus classe que la concurrence américaine (le restant des pays du monde a-t-il réellement un potentiel Rock en 2011?), la bande à Sergio Pizzorno n’a nullement l’intention de s’enfermer là où on pourrait facilement la caser par ignorance du phénomène qu’elle est entrain de devenir. Le succès nourrit l’ambition, et, galvanisé par le triomphe crescendo de leurs trois précédents albums, le quatuor a décidé cette fois d’enjamber les dernières barrières qui empêchent trop souvent la majeur partie des groupes anglais d’atteindre les sommets. Pourquoi se priver? En faisant ce bon en avant, les Kasabian ont également rejoint le club très fermé des groupes reconnaissables dès l’écoute des premières notes.
Ce « Velociraptor » n’a pas peur d’oser la modernité. Déjà bien marqué par l’empreinte griffée du groupe, il expose clairement des intentions véloces, autoritaires, et un gros désir d’amplitude. Aspiration grandement facilité par le mixage impeccable de Dan the Automator – oui le rock indépendant britannique est devenu une grande famille. L’ex-Gorillaz fluidifie le tout, bravant la peur et le risque de mélanger les genres. On peut même dire sans gêne que là où Muse s’est toujours royalement planté, Kasabian introduit l’électronique à sa musique avec une facilité déconcertante. Les big-beat de « Switchblade smiles » ou la dimension underground de « Days are forgotten » donnent parfaitement le change au folklore oriental d' »Acid Turkish bath », au pastiche réussi des Beatles « La fée verte », à la douceur onirique de « Neon noon » ou à la puissance électro-tubesque de « Re-wired ». Prêt à faire sécher ses disques d’or au milieu des lambeaux de peau des vieux dinosaures, le gang de Leicester met toute l’espèce rock face son évolution. « Velociraptor » ne contentera certes pas tout le monde hors du Royaume-uni mais va repousser un peu plus loin les limites du genre. Oui, frôler l’autosuffisance a parfois du bon.
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