Les groupes français signés sur le label Domino Records ne sont pas légion. Allez, les « François and the Atlas mountain » premiers du nom n’auront pas à se trouver de complexes, même si, en guise de réflexe conditionné, on citera plus volontiers les Arctic Monkeys ou les Kills au sujet de leur maison de disque commune, qui dispose néanmoins d’une antenne dans les presque beaux quartiers de Paris. Qu’est-ce que l’on connaît de l’Atlas? Mis à part des éditions encyclopédiques que l’on gagne dans les émissions pour vieux où bien une chaîne de montagnes gardée par des touaregs intermittents qui s’efforcent de sourire tant bien que mal sur des photos de vacances low-cost… Paye ta culture. Les yeux fermés, à l’écoute des ambiances « musique du monde » d’une partie des morceaux du groupe et faisant fi d’un visuel tendance folle à paillettes, on pourrait se dire: mieux qu’un souvenir de vacances, le mirage bienfaisant du rock viendrait-il des dunes? Fausse joie, François le français est juste un voyageur intelligent, un curieux passenger qui connaît la jonction Bristol-Charentes maritimes mieux qu’un skipper franglais. Précision qui a son importance, le groupe se cherche un pied à terre musical depuis 2009 – sans en donner l’impression, soyons sérieux – oscillant entre l’immensité sablonneuse et la plaine inondable. Vous voyez là-haut sur cette colline? François and the Atlas mountain semblent bien être là où on les attendait.
Le Rock hexagonal n’a jamais paru meilleur que lorsque l’on a du mal à le cerner, quand l’obligation de lui trouver un pedigree parisien ne colle pas avec le tatouage semi-provincial qu’il a sous l’oreille. Si aborder l’anglais chanté laisse transparaître un accent à couper au couteau, les influences mélodiques dépassent aisément les frontières, sans vraiment toucher terre. En abandonnant le schéma couplet-refrain aux ondes FM – qui préfèreront de toute façon les ignorer, trop compliqué – la pop désaltérante du groupe déroule un optimisme à géométrie variable (« Bail eternal »). Leur poésie planante prend des significations multiples et colorées, François Marry (le fondateur) brouillant les pistes à force d’alterner délicatement les langues (« City kiss », « Azrou tune »), la naïveté enchanteresse (« Muddy heart ») et les sollicitations langoureuses (« Cherchant des ponts », « Edge of town »). En fouillant bien, et après avoir trouvé du Dominique A – mais pas que ça – un peu partout dans ce « E Volo love », on aurait tort d’ignorer l’instinct créatif qui ressort de ce melting-pot pop flanqué d’une identité à la fois fraîche et racée (« Buried treasures »), lancé sereinement à la poursuite d’un beau-bizarre hétéroclite et moderne (« Slow love », « Les plus beaux », « Piscine »). Finalement, demander aux « François and the Atlas mountain » de représenter la France à l’Eurovision reviendrait à se la péter, et tout compte fait, ça ne servirait à rien.
Gyslain Lancement
Album « E Volo love » des François and the Atlas mountain disponible en CD et Vinyl (Distr. Musikvertrieb)
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