En matière de rock romand, la ville de Lausanne tient la corde. Cette suprématie tient en grande partie à Favez, branché sur un courant alternatif qui défrise les moustaches depuis 10 albums. N’importe quel énergumène avec une guitare dans les mains et un micro devant la bouche a tendance à s’assagir avec le temps. Pas Favez. Après avoir troqué leur patronyme « Favez Disciples » et leur punk ardent à tendance 90’s, les membres du groupe ont lâché leur skateboard et on galopé aussi vite que leur basse vers une accalmie temporaire, une maturité précoce, une nouvelle identité (« Favez » tout court) avant d’aborder le nouveau millénaire. Convaincus d’occuper une place déjà importante sur la scène et les ondes suisso-germaniques, ces enfants du grunge vont gonfler leurs traits, faire progresser leur punk-rock vers un style plus maitrisé, et leur musique va connaître une réelle embolie alternative, allant même titiller quelques tympans outre atlantique.
En musique plus qu’en amour, la fidélité est porteuse de bonne aventure. Ne laissant pas de place à la routine ou à la lassitude malgré quelques projets solos honorables (avec les Sad Riders), les membres de Favez n’ont jamais prit goût au libertinage. Résultat: un line-up fidèle et rôdé à qui les décibels ne font plus peur. Dès »Tearing down the highway », au riff tabasseur et qui sonne comme du Springsteen qui aurait mis les doigts dans la prise la chemise défroquée, Chris Wicky pose sa voix comme on rivete des clous sur un ceinturon. Au rythme d’un cheval qui parcours le New Jersey du Boss sur « Living in the past », le frontman montre l’étendue de son talent de chanteur, propulsé sur un piédestal phonique qui servira de fil rouge à l’album. La comparaison est inévitable mais Favez a cette capacité d’emprunter à toutes ces influences sans les copier et de faire siennes toutes ces inspirations. Ainsi, « Closet Astronaut » prouesse vocale et mélodique, rameute des restes de grunge pour les accoupler à l’énergie punk de leurs débuts, « Tonight we ride » donnerait presque des complexes aux Kings of Leon si seulement nos 6 lausannois avaient grandis dans la moiteur sudiste et « On » sacralise un peu plus le rock énervé à trois accords. Rendez-vous est pris sur scène: l’album est taillé pour ça. « En garde » joue la sécurité avec panache et maturité. Pas là pour être sympa, le rock de Favez apporte crédibilité, une odeur de boots crottées et une fraîcheur éternelle, qui pulvérisent les Gölä ou Everwood avant de les éjecter dans la fosse à Lovebugs.
Avec une discographie riche et pas prête de se calmer, à grands coups de lauriers sur les fesses d’une Cléôpatre qui en redemande, Favez donne la sensation d’avoir construit Rome plus vite que César…
Extraits à écouter ici (sortie le 18 Février): Tearing Down The Highway – Closet Astronaut
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