Ceux qui s’attendaient à une surprise sont des menteurs. Tout comme les illustres idiots « wikipediesques » qui se reconnaîtront à classer Dinosaur Jr dans le fourre-tout « Rock alternatif ». On ne vous parle pas de Nada Surf là! Ayant toujours préféré Boston à New-York, la glandouille à l’ambition, l’irrévérence à la correction, Dinosaur Jr est une figure emblématique du rock indépendant. Grand oublié – certainement parce qu’il est toujours vivant et foutrement productifs - de la période Grunge et de ses réeditions en tous genre, le trio du Massachusetts propose une virtuosité plus tellement en colère mais conserve un désir inchangé de malmener les mélodies, dans un groupe où chacun montre qu’il sait ce qu’il a à dire et à faire. Avec son look d’autiste triple A et un caractère pas mieux fait que sa figure, la proue Jay Mascis – leader atypique! – a tout de même bien provoqué son lot de déconvenues: caprices, split, disques post-succès totalement ratés… Et pourtant, noyée dans la distorsion et la mélancolie, la musique de Dinosaur Jr n’a jamais changé. « Don’t prétend you didn’t know! » Des chansons qui veulent paraitre crado si ce n’est qu’elles finissent par un génial solo (« Almost far »), des déluges électriques garnis d’intermèdes folk majestueuses (« Watch the corners« ) qui font bon ménage avec des murs du son stoner et overdrivés (« Recognition« , « See it on your side« ), des gimmicks skate-punk endiablées (« Pierce the morning rain« , « Rude« ) et de la pédale wah-wah en veux tu en voilà (« I know it Oh so well« ) sont au rendez-vous d’un disque échoué en 2012 comme une catastrophe naturelle, germée vingt ans plus tôt dans un tsunami de craditude absolue et qui laissera le monde pas vraiment comme il l’avait trouvé. Soit la mycose dans toute sa splendeur, avec son lot d’effets indé(sirables). Second album depuis la réformation avec les membres d’origine, « I bet on sky » respire la simplicité que les Smashing Pumpkins (pour ne citer qu’eux) n’ont pas su garder, et souffle un vent 90’s qui affiche certes des contours consanguins, mais aussi et surtout un talent indéniablement intact, à l’image d’une succession de (leurs) disques qui, une fois additionnés, donnent envie de détester tout le monde et d’être un plouc, d’être Grunge en somme.
Gyslain Lancement
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