Le chanteur rigolo à barbichette. Ne l’appelez plus comme ça. Signé très tôt chez Island Records (Bob Marley, U2, Paul Weller…) à l’époque de « Poèmes rock » (1981), Charlélie Couture, l’excentrique vadrouilleur esthétique, a fait du chemin: de multiples bandes originales (dont celle de l’inoubliable et touchant « Tchao Pantin »), des oeuvres littéraire en tout genre, une vingtaine d’albums qui partent dans tous les sens, des travaux artistiques divers et variés allant de la photo au sculptage reconstructif, et un côté « pionnier du web » puisqu’il créa un site avant-gardiste et animé au milieu des années 90 à l’aube de l’avènement démocratisé d’internet. Se considérant avant tout comme un artiste contemporain et multiste, suivant son inspiration et ses envies existentielles, passé maître dans l’art de transformer en création à peu près tout ce qu’il ressent, Couture rend visible l’invisible. C’est à sa dernière genèse en date que l’on va s’intéresser. Exilé à New-York depuis environ 7 ans, perdu entre Ground Zero et la 36ème rue dans son atelier-galerie, Charlélie est parti se reconstruire dans la ville du 11 Septembre et a atterrit en terre Américaine comme un avion sans ailes. Roi du calembour, manipulant des mots intelligents qu’il pose habilement sur des mélodies spontanées, Couture s’illustre à merveille dans ce « Fort rêveur ».
En éternel insatisfait, en recherche perpétuelle d’une musique qui reflète son esprit, Couture a emmagasiné les enregistrements entre Paris et New-York, en accord avec la vie qu’il mène, une existence brute mais façonnée dans la masse. « Etre artiste, c’est surtout un état d’esprit. L’art rock doit chambouler les évidences d’un monde qui jusque-là avait fonctionné sans électricité« . Construit judicieusement sur une base blues et des harmonies émouvantes, « Fort rêveur » vous insuffle tour à tout une dose de spleen hallucinatoire (« Le phénix »), un besoin cruel d’espace (« Les statuts de ma liberté »), la vision d’une réalité dégueulasse (« Les ours blancs ») ou d’une schizophrénie fugace (« Quelqu’un en moi »). Couture renaît depuis qu’il vit au pays du surpoids (« Born again »), il est tombé amoureux du tonton d’Amérique (« 58th Street »), le crie dans un tonnerre rock (« Entre les lignes ») ou le ronronne dans un « Summertime » piano-voix aux intonations Dylaniennes surprenantes, façon originale de terminer un disque et de revisiter un morceau qui fait partie de l’ADN du monde. Comme à son habitude, Charlélie tricote sans broder, colorie sans déborder et a choisi de rester libre en s’écartant à jamais des sentiers battus. Un disque multicolore plaqué sur un fond noir et sombre, un album qui lui ressemble, lui, l’artiste polymorphe adopté par l’engloutisseur new-yorkais….
Extraits à écouter ici: Les Statuts De Ma Liberté – Les Ours Blancs – Entre Les Lignes
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