Je m’adresse aux mélomanes. Amis amoureux de la musique, nous convoitons tous à peu près la même femme. Mais le souci ne se situe pas dans le partage. Quoique, sur chaque album, on pourrait remplacer le passé inaperçu « parental advisory » par un « wanted au peer-to-peer à n’importe quel prix ». Non, le noeud du problème se situe au niveau du temps à consacrer à cette abondance de nouveautés. Qui, aujourd’hui, peut se vanter d’avoir le loisir d’écouter les nouveautés tout en prenant le temps de remercier les anciennetés sans lesquels bon nombre de groupes actuels n’oseraient pas chanter? De moins en moins de monde. Triste. En plus, l’apparition du CD puis de son petit frère plus moche et moins cher (le MP3) ont habitué le monde à zapper. Un calvaire. Alors si l’on doit tirer du positif de tout ça, on n’a qu’à se dire que quarante ans de Rock sont plus ou moins véhiculés dans les albums de cette rentrée. Ce n’est donc pas pour rien que j’ai choisi les Alberta Cross. Distributeurs de claques depuis 3 albums, les londoniens s’affirment tout en assumant un patronyme féminin trompeur.
Car là où beaucoup ont échoué à vouloir sonner comme des vieux (Cold War Kids, Band of Horses…), avant de verser peu à peu dans le FM, les Alberta Cross ont toujours réussi à toucher. Installés à New-York, ils n’ont pas hésité à se faire une longue traversée musicale du continent hôte. Et forcément, lorsqu’on entreprend de fendre les States en deux, on est poussé par des courants folk (The Band), des nuages psychédéliques (les Byrds), jusqu’à ce qu’une grosse vague pré-grunge ne vous pousse un peu plus au nord à la rencontre de Neil Young et de son Crazy Horse. Parce que dans « Songs of patience », il est clairement question de rendre hommage au « Loner ». D’un « Magnolia » presque trop propre à « Crate of Gold » et son intro stridente (quasi plagiée), les Alberta Cross se lancent dans une ruée vers l’or entamée en 1970. Avec en plus l’avantage d’avoir grandi avec Oasis, et comme tout bon groupe britannique qui se respecte, de leur ressembler. Amusez-vous simplement à transposer la voix de Liam Gallagher sur des titres comme « Lay down », « Come on maker » ou « Life without warning » et vous comprendrez vite. Bluffant. Allez, on vous aide un peu, les Beatles à tête de hooligans avaient choisi les Alberta Cross en première partie sur leur dernière tournée. Et comme à chaque disque suffit sa perle, « Ophelia on my mind », au jeu de l’émotion, frise la perfection. La chance d’être un groupe de jeunes d’aujourd’hui? Même si les sabots sont parfois un peu trop grands, le chemin est déjà tout tracé.
Gyslain Lancement
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