« Entre strip et trip(…) »
Il n’y a pas l’ombre d’un doute; Timber Timbre, ce quatuor canadien qui frivole entre le statut de musiciens révolutionnaires et tardifs philosophes grabataires, sont arrivés à destination d’une plage au sable chaud, brûlant leurs pieds et cassant des noix de coco pour nous redessiner le rêve au format d’une carte postale… timbrée. Déjà acclamés et incontournables, surtout depuis leur ascension avec leur premier album éponyme Timber Timbre en 2009 puis Creep On Creepin’ On en 2011, rien ne nous attendait à ce que ces petits génies de l’indé sortent Hot Dreams. L’espoir que Timber Timbre ne flinguent leur créativité ni dans un jacuzzi et des rails de coke ou sur un contrat trop faiblement discuté était pour ma part un cheveu blanc avéré de plus sur mon caillou, comme si chaque groupe actuel s’abonnait à la mort imminent de l’inventivité après le succès. Chance déjà sur les premières notes de l’album qui dresse les poils et mollifie la colonne vertebrale « Beat The Drum Slowly » rappelle des sons que l’on pourrait remettre à Portishead cependant pour la cause noble, car ce morceau au vent de mélancolie et troublante fraîcheur introduit divinement l’opus, le remettant quasiment déjà au stade d’intouchable. Succède le morceau qu’on doit au titre de l’album « Hot Dreams ». Entre strip et trip, l’on déchiffre mieux encore ou ces quatre timbrés veulent en venir; parallèle entre la terre ferme et l’inconscient collectif, le rêve chaud ne fait que commencer! Sans s’emballer ou presque, l’addition d’instruments à vents et de violons (déjà présents sur le premier morceau) ajoute un effet d’apesanteur à l’ambiance déjà rudement sexy. Arrive « Curtains?! », la suite logique, bouillante et trépidante, par ces accords de guitare et les sons de violons rappelant toujours Portishead (hey oui, navrée). Il est sans dire que « Bring Me Simple Men » ne pousse pas à trouver un défaut à Hot Dreams. Ce puissant titre rappelle soudainement le groupe trop oublié Madrugada, s’accaparant des tonalités de génie du chanteur à l’attitude romantico-mélancolique. Plissement des yeux et froncement de sourcils sur « Grand Canyon » moins trépidant, mais rattrapage rapide avec « This Low Commotion » qui détonne un petit peu du reste. Final classy avec « The New Tomorrow », « Run From Me » et « The Three Sisters », rien n’indique un faux pas si ce n’est la platitude, trop longue parfois, j’entends par là mieux vaut ne pas être hystéro ou hyper-actif. Notons que les textes sont beaux, parlants, gris comme la couverture de l’album, mais ce qui n’est pas foncièrement une mauvaise chose. Déconseillé cependant aux heureux, il va de soi que Timber Timbre s’empare des avertis et abonnés de la musique mélancolique.
Laisser un commentaire