D’une certaine manière, l’Irlande façonne les bad-boys. Qu’ils soient nés là-bas où qu’ils aient grandi de l’autre côté de l’Atlantique, les gênes rouquins aiguisent quasiment toujours un esprit vaillant et rebelle. Pour son deuxième film en tant que réalisateur, trois ans après « Gone baby gone » tiré du best-seller de Dennis Leane et qui propulsait son frère cadet en vedette, Ben Affleck a réuni toutes les facettes du film de gangsters modernes: des quartiers chauds du South « Irish » Boston et des ex-taulards élevés dans la démerde et l’argent facile, un trèfle tatoué sur le coeur et de la Guinness dans les veines. Fidèle au polar de Chuck Hogan (« Le Prince des braqueurs ») dont il est issu, ce long-métrage rentre dans la tradition des films qui nous font aimer, limite fantasmer, sur les gangsters et le grand banditisme, au même titre que « Heat » (Michael Mann), « les infiltrés » (Martin Scorsese) ou « Mesrine » (Jean-François Richet).
9h du mat’, une banque du centre-ville, quatre mecs avec des gros calibres et des méthodes bien rodées. Tout se passe à peu près bien, le cash remplit les sacs, les mouchards sont évités, la police dort sur ses deux oreilles et les mecs gardent leur sang-froid. Seule une employée qui retarde un peu la fête excite les nerfs de nos malfrats. Résultat, elle se retrouve prise en otage le temps que leur fuite soit assurée. C’est comme ça qu’elle se retrouve quelques longues minutes plus tard sur une plage déserte, les yeux bandés, légèrement tourmentée d’avoir joué avec sa vie mais troublée par un détail criant qui lui sauta aux yeux lors du hold-up: le plus teigneux portait un tatouage dans la nuque. Malgré tout, sa liberté et sa tranquillité tiennent à son silence et sa discrétion car, même si elle ignore vivre à seulement trois pâtés de maison de la bande, eux vont commencer à surveiller ses faits et gestes pour s’assurer qu’elle ne moufte pas. C’est là que Doug MacRay (Ben Affleck) va révéler une faiblesse en commençant à flirter avec elle, au hasard d’une rencontre guidée par les sentiments. Tiraillé entre son job de braqueur à plein temps et son amour pour celle qui pourrait tout révéler mais qui ignore tout du côté hors la loi de son homme, Affleck va tenter de sauver sa relation cachée jusqu’à ce que le FBI s’en mêle et qu’un ultime braquage tourne au vinaigre…
Fusillades, courses-poursuite, action et suspens filmés par un connaisseur de la ville de Boston font de « The Town » un film réussi, avec l’ambiance d’un livre de Richard Stark et la tension des meilleurs Pelecanos. Ne serait-ce que pour voir une ribambelle d’acteurs à la gueule burinée (Jeremy Renner, Chris Cooper) et un Pete Postlethwaite (« Usual suspect », « Alien 3 », « Inception »…) en parrain-fleuriste de la mafia irlandaise, épais comme une sardine mais doté du charisme d’un grand carnassier, le jeu en vaut la chandelle. Au cours de sa carrière, Ben Affleck a su essuyer le feu des critiques, a évité les dangers liés à la « starisation » dangereuse et dégénérative d’Hollywood, en répondant de la meilleure des façons, devenant précocement un réalisateur pris au sérieux, respecté et efficace, doublé d’un acteur à la maturité impressionnante. En attendant le prochain film et tous flingues dehors, regrettant de ne pas être né irlandais, on se prend à devenir l’ennemi public numéro 1…
Bande-annonce: The Town
Disponible en DVD et BluRay: The Town en édition Spéciale FNAC
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