Le cinéma n’a heureusement pas besoin des seuls blockbusters pour vivre. Oublions, le temps d’une chronique, les niaiseries grossièrement moralisatrices d’Avatar ou Twilight. Quand l’un vous fait voir la vie en « bleu » et met au chômage nombre de vrais acteurs de talent au profit de bestioles moches couleur océan, l’autre essaie de nous convaincre qu’une histoire d’amour est possible avec un mec qui boit de l’hémoglobine. Bof, pas mordu à l’hameçon. Merci à Floria Sigismondi et au cinéma indépendant à faible budget qui accouche de ce biopic en flux tendu qu’est « The Runaways ». L’auteur, bien connue dans le milieu des clips musicaux pour avoir bossé avec Bjork, David Bowie ou Jack White, retrace ici la naissance, l’ascencion et le déclin d’un groupe éphémère mais culte des années 70: les Runaways.
Cherie Curry, « Cherry Bomb » (Dakota Fanning), hyper sexy est une Bardot en caravane; Joan Jett (Kristen Stewart), le coeur du Rock, est la brune couillue; Sandy West, c’est miss californie avec un pétard dans la bouche; Lita Ford, l’enfant naturelle de Sofia Loren et Richie Blackmore qu’il ne faut pas faire chier; cette brochette de nanas rock’n’roll, rebelles et sans soutifs est découverte et produite par le roi de l’excentricité en personne, Kim Fowley. Lui va voir en ces filles un succès potentiel énorme et va leur apprendre à penser comme des mecs et à envoyer du rock en plein visage. Dans la bouche de Kim, superbement joué par un Michael Shannon tout ce qu’il faut de cinglé, chaque phrase prend une tournure démente et selon lui, les Runaways ne sont pas là pour se faire chier à des concerts avec leurs petits copains, elles sont là pour mettre en musique « sexe, violence et révolte ». « Tu veux être une rockstar? coupe toi l’oreille et envoie-là à ton boyfriend! » Après une rencontre dans le mythique club « English Disco » et des répétitions chaotiques dans une vieille caravane, le groupe va peu à peu connaître le succès et gouter à la vie de star, quoiqu’un peu entubé par leur manager barge qui porte sans scrupule un manteau en peau de chien!
Dakota Fanning, qui a bien grandi depuis le piètre remake de « la guerre des mondes » en 2005, interprète remarquablement Cherie Curry au look mi-Bardot mi-Bowie, prête à en foutre plein la gueule à un camionneur. Ingénue et innocente, elle se prend le triomphe en pleine face et perd la célébrité aussi vite qu’elle lui est tombée dessus. Ravagée par la drogue, paumée et pas trop à sa place dans sa vie comme au sein du groupe, à l’origine des tensions internes et de la séparation, elle va connaître un destin moins glorieux que Joan Jett, la véritable âme des Runaways. Rockstar naturelle, déterminée et prête à faire face le majeur tendu, elle ne pourra empêcher la descente jusqu’aux flamme de l’enfer que le groupe n’a jamais cessé d’attiser. Amies, amantes, les deux actrices poussent leur jeu à la perfection et sont criantes de réalisme. Kristen est décidément plus belle quand elle n’est pas entourée de suceurs de sang imberbes. Coachées par les véritables Runaways, Kristen et Dakota ont même prêté magnifiquement leurs cordes vocales aux chansons du film: c’est ça un vrai jeu d’actrice.
Ce biopic a réussi deux choses: virer le puritanisme traditionnel américain qui gangrène les Frères Scott et autres navets du genre, et met en lumière la vie d’un groupe féminin culte des 70’s qui subit une starisation outrancière. La réalisatrice Floria Sigismondi nous épate par son parti pris, son film arrive à restituer l’esprit d’une relation, d’un courant et d’une époque. Une fois « The Runaways » terminé, il est quasi impossible de retenir un refrain culte: « I love rock’n’roll… »
Bande annonce: The Runaways
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