Le personnage central de « L’Ombre du Mal » (au titre français malheureux, car « Le Corbeau » était déjà pris), est l’écrivain et poète Edgar Allan Poe, ici interprété par John Cusack.
Arrêtons-nous d’abord sur Edgar Allan Poe, écrivain américain du 18ème siècle, avec ses nouvelles il a quasi inventé le roman policier et préfiguré- à l’instar de Jules Verne- le fantastique et la science fiction. Personnage sombre et torturé, alcoolique et opiomane, son existence fut obscurcie par les décès successifs de ses deux épouses. Sa propre mort dans des conditions mystérieuses ajoutant à la légende.
Rétrospectivement, ses écrits pourraient être qualifiés de « gothiques », citons « Le Corbeau », « Le Puits et le Pendule », « Double Assassinat dans la Rue Morgue ». Ils constituent une source d’inspiration constante pour la musique populaire(groupes de metal comme Iron Maiden ou Nightwish), d’autres écrivains(Baudelaire) ou justement le 7ème Art.
Une première adaptation de « The Raven » date des années 30 et Roger Corman s’en inspire très librement dans les sixties mettant en scène Vincent Price.
Mais revenons au film et son idée originale, nous sommes à Baltimore, Poe vit les derniers jours de son existence et des crimes sauvages sont perpétrés par un serial-killer.
En charge du dossier, l’inspecteur Fields(Luke Evans) finit par trouver des similitudes troublantes entre ces crimes et les écrits de Poe, soupçonnant l’écrivain dans un premier temps, il va donc solliciter son aide pour tenter de stopper le coupable.
Le meurtrier, grand admirateur de Poe reproduit les écrits du romancier, il va finir par l’impliquer personnellement en enlevant sa bien-aimée, Emily(Alice Eve), lors d’un bal masqué organisé par le capitaine Hamilton(Brendan Gleeson), père d’Emily vivement opposé à la liaison de sa fille avec l’écrivain.
Pour sauver Emily, Poe va devoir démasquer le tueur, pire encore, le psychopathe par chantage le contraint à écrire et publier dans la presse locale de nouveaux écrits.
Le metteur en scène, Jack Mcteigue(« V for Vendetta »), nous plonge dans une ambiance sombre évoquant tour à tour, pour ce qui est de l’enquête « Sherlock Holmes » de Guy Ritchie, ou « From Hell » pour les crimes atroces. Ajoutons la touche « dark » du Tim Burton de « Sleepy Hollow » influence évidente pour les scènes de forêt avec le tueur à cheval.
On songe aussi à « Seven » pour la cruauté des crimes dépeints.
L’architecture de la ville de Baltimore est restituée avec brio, en artiste maudit et fauché, à la fois mal vu de la bourgeoisie et des gens du peuple, John Cusack campe un Poe des plus crédibles. Le rapport conflictuel avec la presse et le rôle de ce média à l’époque est aussi bien représenté.
Verdict, sans être un chef d’œuvre retentissant, « L’Ombre du Mal » n’est en pas moins un divertissement réussi et plaisant, dommage par contre que le dvd soit si pauvre en bonus.
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