Les festivals, c’était mieux avant? On est gentils, on ne parle que de 2008. Jugez par vous-même, cette année-là, Montreux nous offrait: N.E.R.D., Joan Baez, Leonard Cohen, Babyshambles, The National et… les Raconteurs. Parce que Montreux nous réserve toujours quelques surprises agréables, parce que le Miles Davis Hall, malgré son nom, représente le peu d’esprit rock’nroll qu’il reste à ce festival, et parce qu’entre deux sorties sans intérêt (Deep Purple ou Gary Moore pour les dernières), Claude Nobs nous gratifie d’un DVD potable, celui-ci est presque indispensable, oublions un instant les défauts majeurs de la capitale du « smoke on the water ». De plus, le marché du DVD musical n’a jamais été des plus fringants, faisant plus le bonheur des traqueurs de bacs à soldes que des fans qui voient s’envoler les souvenirs à la vitesse d’une calvitie précoce.
Alors, quoi de plus normal pour le Montreux Jazz que de sortir ce DVD en pleine période festivalière, période où chaque année, on fait le même constat une fois les concerts bouclés: putain, ça nous a couté cher. « Dans nos deux salles payantes, on filme dans un format qui équivaut à quatre fois la HD actuelle avec une qualité de son deux fois supérieure au CD. Les artistes se réjouissent généralement que leurs concerts soient enregistrés avec un tel niveau excellence ». Qu’en pense Jack White? Si l’on prend en compte le fait que l’ex-White Stripes a racheté un immeuble entier dédié à l’analogie et au vinyle à Nashville, on peut se poser la question. Quatre fois la HD, niveau d’excellence, qualité supérieure… Les Raconteurs sont là pour faire du bruit et non du propre. Quatre ans après, c’est quand même dingue: il faut que Jack White se vautre partiellement à l’indicatif – son récent opus solo lasse sur la fin et laisse de l’appétit- pour que l’on trouve ses anciens disques plus que parfaits. Face à son ami Brendan Benson, White prend facilement la place d’un mec sur qui on peut pratiquement résumer (tout) le Rock des années 2000. Décennie sans génie, certes, mais maîtrisée de bout en bout par l’efficacité et l’abolition de l’artifice chères à l’ex-White Stripes.
Justement, en 2008, c’est plus les Raconteurs, en pleine force de l’âge, que les White Stripes, clairement en fin de vie, que le public avait envie de voir. Un an avant de s’effacer derrière les fûts des Dead Weather, Jack White va littéralement donner une leçon de rock aux 2000 chanceux présents ce soir-là. En deux albums, ses Raconteurs vont réunir suffisamment de matière pour remplir le contrat d’1h30 d’une musique jeune et vieille à la fois: « Consoler of the lonely », « Hold-up », « Steady as she goes », « Broken boy soldier », « You don’t understand me »… Au parfum d’en découdre rapidement avec une foule qui n’attend que ça s’ajoutent une complicité sauvage entre les cinq membres ainsi qu’une fierté robuste et ronflante made in Detroit, Michigan.
Gyslain Lancement
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