Huit longues années (et quelques films pour scientologues) après « Band of Brothers », Spielberg rechausse ses rangers. Aidé par Tom Hanks qui fut son poulain dans « Il faut sauver le soldat Ryan » et par Georges Pelecanos (scénariste de « Sur écoute » et auteur de polars à succès), il s’attaque à une autre partie de la Seconde guerre mondiale: la bataille du Pacifique. La série, promue par HBO, se base sur des faits réels et des archives historiques, mêlant le destin de trois soldats au coeur des combats (interprétés magnifiquement par les acteurs de seconde zone Jon Seda, Joseph Mazzello et James Badge Dale). Les thèmes principaux et les grandes batailles y sont repris, du guet-apens de Guadalcanal aux collines imprenables de Peleliu, en passant par les carnages d’Iwo Jima et d’Okinawa. Hormis l’héroïsme à l’américaine omniprésent qui plombe souvent les studios hollywoodiens, le réalisateur tient à montrer que l’oiseau aux 50 états de Roosevelt a perdu des plumes dans ces îles humides et poisseuses du Pacifique.
La noirceur de la guerre est présente dans chaque scène, dans chaque regards, et même la camaraderie ne suffit plus à oublier l’abomination, le manque de vivres et le climat pesant des Philippines. La reconstitution est parfaite, faisant ressurgir les blessures d’une époque où les soldats volontaires étaient vus en héros, en oubliant que leur cerveau ne tournerait plus jamais rond après l’horreur des combats. L’amateurisme de certains marines volontaires rejoignait leur peur non-refoulable, aveuglés par l’héroïsme au moment de s’engager et qui finissent par faire dans leur froc. On y voit l’appréhension du gamin qui vient à peine de passer à l’âge adulte et qui doit , le fusil sur ses frêles épaules, supporter l’idéologie de toute une nation. De désillusions en actes de bravoure, Spielberg retranscrit parfaitement le quotidien des soldats qui, au courage, perdent peu à peu le fil rouge de l’histoire, affaiblis physiquement et moralement , oubliant presque pourquoi ils sont là. Le patriotisme sera parfois fatal pour certains personnages guidés par la barbarie et les actes sans pitié, devant un ennemi japonais coriace et kamikaze.
Succès garantit pour cette vision crue et pragmatique d’un conflit qui fit vaciller le monde dans les années 40. Pour parachever le tout, les effets spéciaux de ces combats chaotiques sont ultra réalistes et bien orchestrés, raison de plus d’opter pour la version Bluray. Avec « The Pacific », Spielberg nous assure qu’une reconstitution de la guerre, « c’est d’la balle », et pause la bonne question: sauver son drapeau est-il plus important que sauver sa peau?
Bande annonce: The Pacific
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