David Gilmour (compositeur principal et guitariste de Pink Floyd) l’a toujours affirmé: la musique n’a jamais été aussi bonne que quand elle est atmosphérique. Bien avant mais aussi pendant que le paquebot Floyd sillonnait les charts commerciaux, Gilmour inondait déjà le Rock de phrasés ambiants tout droit venus des hautes sphères navettées par le talent, d’une part, et par la panoplie « chimie découverte » du marché aux drogues de l’époque. Floyd vendra des millions de disques, partout sur la planète, justifiant assez une place à côté de Chuck Berry dans une sonde extra-terrestre estampillée « ce qu’écoutent les humains ». Passez le message…
Alors, lorsque l’on aperçoit le nom de David Gilmour sur le coin d’une pochette, on se prend à rêver. Un nouveau Floyd? Réveille toi, c’est impossible. Ayant usé toutes les tournées come-back mais pas encore la mi-temps du Superbowl, le groupe légendaire est en stand-by prolongé, en coma éternel, décédé quoi… L’envie n’y est plus trop, entre la mort de leur clavier irremplaçable (Richard Wright 1943-2008) et les errances musicales et bancaires de Roger Waters (chanteur charismatique des Floyd), le résultat aurait de grandes chance d’être plutôt triste. Mis à part ravir quelques vieux inconditionnels, on a déjà connu l’expérience avec Queen+Paul Rodgers pour n’avoir déjà plus faim. Depuis son live in Gdansk en 2008 (pourquoi là-bas? Gdansk, 6ème ville de Pologne, après tout on fait bien des EURO footballistiques en Suisse..), Gilmour coulait des jours peinards dans son cottage bien tondu mais avec sûrement une tonne d’idée dans le coin de la tête. Pour The Orb, l’opportunité de concevoir un album avec lui a pris racine dans les étoiles et dans le respect mutuel qu’ils ont l’un envers l’autre. Quand les rois de l’ambient-house (mais aussi de l’électro-dub) débarquent chez l’ex-Floyd armés d’au moins autant de matos que sur l’enregistrement de Division Bell (dernier album publié en 1994 par Pink Floyd), c’est comme si l’histoire du groupe avait encore quelques pruneaux dans son barillet. Bang! Bang! Envoi la sauce, « I am David Gilmour and i’m going to transcend your sound ».
A l’ancienne, la Fender sur les genoux et les pédales d’effets foisonnants un peu partout sous ses pieds, Gilmour sent qu’il peut encore apporter un grain d’on ne sait quoi au juste… Pas de la folie, plus que du génie, « Metallic spheres » se décompose en 2 morceaux de 28 et 20 minutes. Avant que vos sourcils ne se froncent et que vos oreilles ne résonnent du tiroir caisse pingre de votre magasin le plus proche, laissez-moi vous dire que cet album est un concept. En effet, 5 thèmes différents garnissent ces looooongues plages instrumentales. Et même si la plupart seront bluffés par les trois premières minutes d’écoute qui sont à deux doigts de ressusciter le mythe de la bande à Gilmour, « Metallic side » (la première partie donc) regorge de styles différents à l’intérieur d’une sphère électronique bien évidemment. Partageant les influences floydiennes atmosphériques période fin 70’s début 80’s (« Hymns to the sun », « Metallic spheres ») avec le tempo minimaliste de The Orb (« Classified », Black Graham »), le disque se charge à lui tout seul de faire voyager et valdinguer son auditeur, entre beats insubmersibles de sous-marins et atmosphère psychédélique à califourchon sur sa sitar, direction le cosmos (« Hiding in plain view »). La suite (« Spheres side ») se déroule sur un début plus électro-rock (« Es vedra ») dérivant sur la face dub (« Chicago dub ») de The Orb et effaçant pour seulement quelques minutes les envolées spatio-guitaristiques limite improvisées de Gilmour, qui ponctue de main de maître cette collaboration neuro-musicale inattendue au final synthétiquement orchestral (« Bold knife trophy ») très commémoratif (instrumentalement parlant). Il paraît que la nuit porte conseil, que les étoiles filantes réalisent vos voeux et que le marchand de sable vous envoie dans le monde parallèle de l’état second. Dorénavant, c’est Gilmour qui s’en charge. Vérifiez bien mais il se peut que « Metalic Spheres » se cache sous votre oreiller demain matin…
Extrait à écouter ici: The Orb/David Gilmour, « Metallic spheres »
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