C’est l’histoire d’un ours en peluche, irrévérencieux et pire qu’un
gosse pourri gâté, qui ne veut pas laisser son meilleur ami grandir…
et qui va, par là-même et au nom de leur « amitié pour la vie», lui
bousiller sa relation amoureuse.
D’un postulat de départ pareil, tout était permis, spécialement de la
part du papa du dessin animé Seth Les Griffin MacFarlane signant ici
sa première réalisation. Mais si on s’attendait à un métrage retors et
gavé à l’humour noir, on ne pensait pas être touché par une amitié en
total accord avec son temps, ne comprenant que trop bien les maux de
la jeunesse actuelle, ses dérives et ses pertes de repères face à une
société nous imposant une manière de nous tenir face aux autres,
d’être et de vivre. Comme si le rythme de notre propre respiration ne
nous appartenait plus mais devait suivre celui que la morale et la
déontologie imposent.
A mes yeux, l’acteur principal Mark Wahlberg incarne toute la
« beaufitude » de l’Amérique profonde moyenne (chez nous ce n’est pas
forcément mieux…) relayée par l’attitude de Ted dans le métrage :
produit marketing typique, issu d’un groupe de boys band qui, comme
presque tous les produits de divertissements actuels (télé réalité et
j’en passe !) sont aussi inspirés qu’une porte de prison et aussi
viables sur la longueur qu’un M&Ms dans une main fermée. Sa carrière
ne faisant vraiment que rêver les amateurs de
paillettes qui brillent mieux que du vrai (je suis un peu dure mais
c’est l’esprit de l’œuvre)! Pourtant, même si c’est un véritable petit
minet dont la seule expression est sa tête de tous les jours (à part
dans le royal mais atrocement sombre The Yards du génie James Gray),
l’employer dans ce rôle – et on le comprend au fur et à mesure de
l’histoire – était savamment bien pensé. Marc est drôle et touchant,
ici et c’est l’autre grosse surprise ! Il est en symbiose avec le
récit de manière presque troublante. De même, le reste du casting est
en total accord avec la folie ambiante du scénario, mais aussi son
empathie générale, que l’on n’aurait pas soupçonnée au premier abord.
C’est tant mieux !!!
Car… oui, ce Ted aurait pu être la énième comédie américaine de l’été,
nous faisant rire un bon coup pour oublier encore plus vite ce qu’on
venait de voir… mais non ! Alors, comment les scénaristes et
réalisateur ont-ils su trouver le bon ton pour nous accrocher et
encore mieux faire passer la pilule des sentiments après celle du rire
à plein nez (qui ne quitte jamais complètement l’histoire je vous
rassure) ? La réponse réside probablement dans le langage commun
utilisé par le film que nous utilisons tous les jours, celui de la
vie… et des péripéties que celle-ci nous fait endurer. En retournant
dans tous les sens des situations que nous vivons ou avons vécues, le
pouvoir de séduction n’en est que décuplé, et c’est dans ces clins
d’œil que l’on reconnaît ou comprend toute la dimension du choc.
Surtout sa profondeur évocatrice !
De plus, oui, c’est « trash » – Ted boit un max, fume des pétards, prend
de la coke, appelle sans cesse des call girls etc -et le pouvoir
divertissant agit à plein régime sans jamais tomber dans le
débilitant, sans jamais se perdre dans la dérision ,d’un côté comme de
l’autre. Et ça fait un bien fou !
Alors, toi qui rêves de retrouver ton copain d’enfance en peluche afin
de revivre les plus belles années de ta vie et qui, en même temps,
n’aspire qu’à te détourner de la bien-séance ainsi que de cette
société qui nous tient en laisse… ce métrage sera moulé à ta taille et
fera ton bonheur !
Ted not dead but bien raide !!!
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