Réalisé par Jeff Nichols signant ici son deuxième métrage après une autre chronique familiale redoutable nommée Shotgun Stories, Take Shelter est LE film qui a probablement eu les meilleures critiques tous azimuts l’année passée. Effectivement, depuis son passage remarqué à Cannes et son Grand prix de la semaine internationale, le déchaînement des critiques positives est devenu viral tant elles se sont montrées dithyrambiques dans tous les types de journaux ! On avait donc hâte de voir cette oeuvre si adulée. Si le ton n’est pas forcément celui que j’attendais, cette chronique de fin du monde hantant un simple citoyen – dont les rêves et visions vont mettre sa famille en péril – est d’une force évocatrice énorme !
On peut dire du métrage qu’il se donne à la première vision tant je me suis investi émotionnellement à sa découverte, allant jusqu’à m’énerver tout seul (par exemple quand Michael Curtis Shannon n’arrive pas à mettre des mots sur ce qu’il vit pour s’expliquer face à sa femme Samantha). Et s’apprécie en profondeur dès la deuxième. Cette famille soudée et belle va muter au fur et à mesure de l’histoire pour exploser totalement à cause du comportement du père. On se prend d’abord d’affection pour l’acteur principal que la tourmente va pousser à agir dans le dos de sa famille pour essayer de calmer les maux qui le détruisent. Ce qui va réellement le sauver, c’est sa jeune fille sourde et muette ; cette dernière a un rapport très fort avec lui et, par sa fragilité, va réussir à le maintenir un minimum sur terre. Sa femme, ensuite, va essayer de tout faire pour le comprendre et pour l’aider et sa lucidité sera déterminante. Alors, plus qu’un film sur l’apocalypse ou le délire paranoïaque d’un homme, ce Take Shelter est l’essence même de l’histoire familiale confrontée au malheur et à l’inconnu, la force des liens testée jusqu’à l’épuisement moral. Après le splendide Melancholia que l’on comparait à un tableau, cette autre oeuvre traitant d’une fin du monde plus psychique que physique est aussi d’une beauté renversante. Et si on peut citer le travail de Terrence Malick pour comparer ce métrage, c’est que ce cauchemars en apesanteur a touché là où il voulait, en plein coeur. Fort, très fort !
Pour finir, à destination des amateurs de technique et de comparatifs, je n’ai pu tester que le blu-ray. Mais pour dissiper tous les doutes, je vous dirai que le paradis a été au rendez-vous tant l’image est d’une précision folle, avec des couleurs d’une beauté déroutante… comme son film. Le son n’est pas en reste vu qu’il fera trembler votre appartement et ceux de tous les voisins à certains moments, pour retomber très vite dans une atmosphère intimiste et glaçante ! Pour ce qui est des bonus: le commentaire audio révèle quelques anecdotes fort intéressantes pour ceux ayant déjà vu le film et on a droit à un making of bien exécuté ainsi que d’excellentes interviews de la team. On en a largement pour notre argent !
Désormais, on se réjouit de la nouvelle réalisation de Nichols qui est en compétition cette année à Cannes. Il aura fort à faire avec comme adversaires les nouveaux métrages de génies comme Michael Haneke, John Hillcoat, Jacques Audiard, David Cronenberg, Thomas Vinterberg, Walter Salles, Wes Anderson et j’en passe !
Voici, pour les curieux, la bande annonce qui est juste magnifique. Elle met dans l’ambiance et, pour une fois, n’en dévoile pas trop !
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