Chaque lundi, aux alentours de 16h30, votre humble serviteur Florian De La Fnac chronique un manga de son goût : une découverte, un classique ou une curiosité.
Cette semaine : Soldats de sable de Susumu Higa, chez Le lézard noir.
A l’instar de Gen d’Hiroshima, Soldats de sable s’inscrit dans le genre du récit-témoignage. A chaque chapitre, Susumu Higa nous raconte un destin différent, mais chacun pris dans la même tourmente : la bataille d’Okinawa. Appelée Opération Iceberg par l’armée américaine, cette bataille s’étendit d’avril à juin 1945 et anéantit l’armée japonaise (110 000 morts). Traumatisme certain pour la population, les divers ressentis et témoignages fleurirent dans la presse et dans les traditions familiales, donnant ainsi une matière émouvante et encore fraîche à l’auteur.
Lui-même natif d’Okinawa, Higa grandit dans l’ombre de cette bataille et les récits de ses parents ponctuent ses jeunes années. Il leur consacre d’ailleurs à chacun un chapitre : A propos de ma mère et Soldats de sable. Le premier nous raconte comment sa mère allait d’abri en abri, afin de protéger ses enfants et le second comment son père n’eu d’autre choix que d’abandonner sa division pour retrouver sa famille, là où la bataille faisait le plus rage. On découvre également l’histoire étonnante de prisonniers japonais reconvertis en négociateurs, au service des américains, pour éviter aux Kikusui (forces suicide) d’emporter avec eux les civils japonais qu’ils prenaient en otage. Le chapitre Lame de sable appuie de même cet aspect dictatorial de l’armée japonaise sur la population, en décrivant les préparatifs de défense des îles alentours, au cours desquels les habitants étaient parties prenantes, qu’ils le veuillent ou non. Enfin, L’école s’attarde sur un groupe d’étudiant qui essaie de sauver d’anciens manuscrits médiévaux des bombes ennemis tombant sur Naha.
Manga témoin et inter-générationnel, Soldats de sable ne tombe jamais dans le piège du patriotisme facile et expose ainsi les faits tels qu’ils ont été raconté par l’entourage de l’auteur. Il en ressort une prise de recul, qui permet au lecteur de bien comprendre le contexte et les agissements des personnages. Et pour encore favoriser la compréhension de ces évènements, on retrouve en fin de volume une passionnante interview de Susumu Higa accompagnée de photos des lieux, ainsi qu’une carte de l’archipel d’Okinawa.
Sélectionné cette année à Angoulême, Soldats de sable pourrait remporter le Prix « Regards sur le monde » et c’est tout ce qu’on lui souhaite !
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