Alors que se profilent à l’horizon moult superbes rééditions de Macca, deux ans après le 09/09/09, mise à jour du catalogue des Beatles censée être le 11 Septembre des ventes de disques en terme d’impact, un an après le semi-échec de la ressortie des disques de son ami/ennemi John Lennon – mais attention, en sauvant les apparences, nous sommes en présence d’anglais purs et durs, vient le tour de « Sir » Mac Cartney. Garder le meilleur pour la fin? Faut pas pousser, il reste encore Georges et Ringo.
Avec du recul, la destinée de John est unanimement plus rock’n’roll. A force de baver du « peace & love » sur tous les toits, Lennon se faisait assassiner par un déséquilibré aux pieds de la gouttière de son hôtel New-Yorkais. Imagines! Une sortie pareille, il en a peut-être rêvé l’ami Paul. Le plus contesté, le plus détesté, le plus décrié par la critique, le plus tête à claque mais aussi le plus beau et « so british » des Fab Four reste aujourd’hui l’artiste ayant vendu le plus de disques au monde, Beatles et carrière solo confondus. Devant le King Elvis et devant Bambi Billie Jean. Récompense? Hormis le prestige inégalable et le compte en banque bien garni qui va avec, quoiqu’amoureusement rogné par un ou deux divorces vautouresques, Paul se voit gratifié, honoré par un titre de « Sir ». Un de plus anobli par sa majesté au chapeau, loin de faire tâche aux côtés de Sir Mick Jagger ou Sir David Bowie: l’apport musical de l’ex-Beatles ne cessera de faire des petits sur des générations. A l’aube des années 70, comme débarrassé par le poids qu’était devenue la machine Beatles, blasé d’avoir usé sa foi et sa fougue devant la lassitude de ses partenaires, Paul McCartney se lancera en solo. Mais pas seulement. Accompagné de sa femme de l’époque (Linda McCartney) et du guitariste des Moody Blues (Denny Laine), Macca sera le premier et impatient ex-Beatles à former un nouveau groupe, les Wings, brûlant d’envie de reprendre la route. Sans le savoir mais porté par un désir de créativité sans limite, McCartney va écrire sa légende dans ce contexte post-Beatles abasourdi. Snobé, boudé par la plupart des journalistes de l’époque plus emballés par le contestataire Lennon qui portait des badges pacifistes aussi ronds que ses lunettes, Macca publiera une demi-douzaine de disques que tout fan de musique se doit de posséder. En CD, Vinyl ou mp3. Peu importe le format ou la provenance, se construire une culture passe par ces années-là.
Préférer le bricolage de l’album « McCartney » (1970) et la grâce du chef d’oeuvre « Ram » (1971) – ou quand McCartney prend le bélier par les cornes – aux surproductions fadasses de « Let it be » ou « Abbey road » n’ont rien d’un délit. Reconnus sur le tard comme d’inaltérables modèles de songwriting, les débuts solo de Macca monopoliseront facilement les charts anglais durant de longs mois. Quand Lennon insulte de « muzak » (musique de supermarché) les productions de son ancien compère, McCartney riposte avec « Band on the run » (1973), album bourré d’anecdotes enregistré au Nigeria, « Vénus & Mars » (1975), mis en boîte à la Nouvelle Orleans et numéro un partout, et enfin « Wings over America » (1976), symbole live de la tournée américaine triomphante entreprise par les Wings. L’orage passé et le gros du succès digéré, Macca, qui tenait à ce que l’on vienne le voir pour sa propre musique et non pour son passé juteux, se remettait finalement à jouer sur scène des compositions signées Lennon-McCartney. Rugueux, rudes, mais fair-play ces Anglais. Les périodes qui suivront et la décennie cruelle qui s’annonçait – les années 80, aussi fastes pour les uns que fatales pour les autres- verront se tarir le succès de l’artiste, néanmoins toujours capable de publier quelques singles imparables. Aujourd’hui éloigné à jamais de son meilleur niveau, poursuivi par une fâcheuse tendance à abuser parfois de la facilité mais conscient d’avoir de beaux restes, Paul McCartney reste un fondateur, un monstre sacré aux multiples talents, le seul à honorer dignement l’héritage des Beatles. On ne peut penser à personne d’autre que lui quand, les oreilles collées à l’actualité musicale et le cerveau bloqué dans les 70’s, on nous annonce « a new pop band from Liverpool or another cloudy place ». Pas de bijoux sous vitrines, pas de cérémonies clinquantes ni de palais surdimensionnés, juste un patrimoine musical inestimable et un rayonnement spirituel immuable. 500 millions de disques vendus, record à battre.
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