La nouvelle ne l’est plus vraiment, mais elle reste néanmoins douloureuse : Satoshi Kon, un des grands maîtres de l’animation japonaise, s’est éteint le 24 août. Retour sur la carrière talentueuse d’un cinéaste injustement méconnu en Europe.
Sorte de Lynch à la japonaise (pour résumé très grossièrement), Satoshi Kon n’aura eu qu’une courte carrière : 4 films et une série. Mais presque autant de chef d’oeuvres. Chacune de ses oeuvres témoigne d’une maitrise technique et narrative impressionnante. Le cinéaste se dit très influencé par le cinéma occidental, notamment par Terry Gilliam dont le film Brazil reste son préféré.
Après avoir fourbi ses armes en tant qu’assistant et animateur sur Akira, Patlabor 2 et Memories (qui le fera connaitre du monde l’animation), Satoshi se lance en tant que réalisateur avec Perfect Blue. Récit labyrinthesque de la descente dans la folie d’une pop-idol, Satoshi brasse avec brio réalité et fantasmes, dont certaines mise en abîme donnent le vertige tant le rythme effréné ne laisse place qu’à l’essentiel.
On retrouvera ces thèmes dans son film suivant, Millenium Actress. Sorti uniquement en DVD en Europe, le film adopte à nouveau un point de vue subjectif pour suivre la vie et la carrière d’une ex star du cinéma japonais qui décida subitement de tout plaquer au sommet de sa carrière. Evènements réels ou imaginés, réalité et fiction vont à nouveau former un canevas complexe aux frontières floues. Un film à la beauté éblouissante et mélancolique.
Changement de registre avec Tokyo Godfathers, sorte de conte de Noel naïf et émouvant abordant des thèmes plus sociaux comme l’exclusion ou la fuite des réalités. On y suit un groupe de sans-abris découvrant un bambin abandonné et qui va tenter de retrouver ses parents. Bref passage par la case télé également grâce à la série Paranoia Agent où il renouera avec le fameux thème réalité/fiction.
Le sommet de sa carrière sera atteint avec Paprika. Apothéose visuelle et scénaristique, Paprika se place aujourd’hui comme la source d’inspiration évidente d’Inception. Jugez plutôt : ll raconte l’histoire d’une équipe de scientifiques qui pénètrent l’univers des rêves à l’aide d’une machine dans le but de soigner leurs patients. Sorte de thriller SF à la K. Dick, Paprika est une explosion visuelle stupéfiante de mouvements et de couleurs. Un classique instantané à voir et à revoir pour apprécier le foisonnement de détail.
Le cinéaste travaillait sur un nouveau projet, Yume-Miru Kikai, destiné à un public plus jeune. Il est mort le 24 août des suites d’un cancer du pancréas.
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