Chaque lundi, aux alentours de 16h30, votre humble serviteur Florian De La Fnac chronique un manga de son goût: une découverte, un classique ou une curiosité.
Cette semaine : Sad Girl de Kan Takahama, chez Casterman.
Déjà connue des lecteurs français, autant ceux de manga que de BD classique, Kan Takahama est l’auteur acclamée de Mariko Parade et Deux expressos, les deux publiés dans la prestigieuse collection Ecritures de Casterman. Elle revient cette fois-ci avec une histoire encore plus personnelle qu’à l’accoutumée, puisqu’elle s’inspire directement de son vécu.
Prise dans la tourmente de violences conjugales et de l’alcoolisme de son mari, Shiori décide, dans un réflexe de survie, de tout quitter. Elle se réfugie alors, pendant quelques temps, chez son amie M. Là, tout se passe bien et elle reprend petit à petit goût à la vie, du moins jusqu’à ce qu’M l’introduise aux drogues douces, puis dures. Elle sombre encore dans une spirale d’habitudes malsaines. Décidemment, rien ne l’épargne ! Ce sera l’arrestation de M, pour possession de stupéfiants, qui fera sortir Shiori de sa forte dépendance. Puis, elle ira vivre avec un de ses ex, qui a désormais six enfants, pas de femme au foyer et qui finira par la prostituer pour rembourser ses dettes. Elle s’en sortira à nouveau, mais deviendra SDF pendant un mois, avant de ravaler sa fierté et de retourner chez sa mère. Mais cette dernière est une bigote aveugle qui va se mettre en tête de convertir sa fille à tout prix… Le destin s’acharne sans arrêt sur Shiori. Trouvera-t-elle le salut ?
Récit désespérant et déprimant à souhait, Sad Girl porte bien son titre. Kan Takahama nous parle de malheurs, la plupart qu’elle a elle-même vécus, mais nous les raconte avec un recul surprenant. Du coup, l’auto-apitoiement est totalement absent du récit, ce qui donne une dimension respectueuse, humaniste et pleine d’espoir à l’ensemble. On ne se laisse alors jamais emporter dans une spirale de tristesse, mais on vit les situations d’une manière réaliste et factuelle. Ce qui est tout à l’honneur de l’auteur. S’ajoute à cela un aspect poétique et lyrique qui finit de faire de Sad Girl un récit subtil et touchant. A découvrir !
Le succès de Takahama est tel, que Sad Girl a été créé spécialement pour les lecteurs occidentaux, puisqu’il se lit de gauche à droite.
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