On vous mentirait, si l’on vous disait qu’il nous a fallu quelques jours pour nous remettre de nos émotions et pondre une review de ce 21ème Rock’oz arènes. Concrètement, qu’est ce qui fait venir les gens à Avenches en plein mois d’Août? Le climat? Nein. Le cadre? Peut-être. Voici un bref aperçu du killer universel de l’encyclopédie, alias Wikipedia: Le festival se déroule chaque année durant le mois d’août dans l’amphithéâtre romain de la ville d’Avenches et propose trois scènes : la grande scène, où passent les artistes les plus célèbres et les scènes du casino et du château pour les artistes moins connus. Les stands et diverses animations se déroulent dans la ville même. Malgré son nom, ce festival ne propose pas uniquement du rock mais également du rap, du ragga, de la chanson française, etc. Dieu merci, cette année, on nous a épargné le ragga. Des motards bien polis, aucun débordement majeur, une organisation bien rôdée, une mascotte (Bernie Constantin) toujours fringante… c’est tout ce qu’on demande à un festival qui ose le milieu de l’été, et ce depuis 21 ans, pour nous proposer sa programmation éclectique. Et puis, on aurait tort de demander un Woodstock…
Mardi 31 Juillet, c’était pourtant bien parti, du pré-pubère au cinquantenaire (et plus), on était tous prêts à tout (ré)apprendre sur le ZZ. Les deux barbus Billy Gibbons et Dusty Hill, deux descendants de Fort Alamo en personne, voilà ce que c’est que de repousser constamment l’âge de la retraite. Le tricot est un truc de vieux, pas le blues à piston. Mais, à 62 et 63 ans, c’est le moment. Le moment d’envoyer du binaire, et ça, ZZ Top sait (encore) le faire. En attendant un nouvel album constamment repoussé, les texans n’ont pas chaumé et ont ajouté une décennie de plus à leurs tubes légendaires. Plus tôt dans la soirée, c’est sur les Mama Rosin qu’il fallait s’attarder. Le groupe cajun est littéralement la bouffée d’oxygène du Rock Suisse. Inclassables, insolites et charismatiques, les Mama Rosin continuent d’apprendre sur le tas et imposent leur musique sudiste à un des pays les plus frisquet d’Europe. Dommage que le public n’ait pas répondu plus massivement. Il fallait bien manger. Surtout avant les Shaka Ponk. Comprendra qui voudra, mais la vache à lait de chez Warner ne va pas tarder à fatiguer. Alors oui, ils sont énergiques, sympathiques et excentriques (sous l’égide d’une major, attention), mais ils sont partout, tout le temps. Remarquez, à plusieurs (sept musiciens sur scène!) ils se partageront la fatigue.
Jeudi 2 Août, break de fête nationale oblige, on nous laissait deux jours pour imaginer ce que peut encore être un show d’Iggy Pop, à 65 ans. Outre son intolérance surprenante à la fumée de cigarettes, le papa du Punk a la voix d’un jeune premier et des burnes d’acier. Un concert bluffant et suffisant pour se faire pardonner un (voir deux) dernier(s) disque(s) imbuvable(s) et que l’on ne peut même pas qualifier de conventionnel tellement reprendre du Charles Trenet, en français s’il vous plaît, paraît déplacé pour l’ambassadeur Iggy. Avant cela, nous avons eu droit à un set de fin de tournée signé Jean-Louis Aubert. Qui dit fin de tournée dit rumeur baladeuse, téléphonée. Quelqu’un a vraiment cru que Louis Bertignac serait dans le coin? Cependant, pour Aubert, ce pourrait être perpétuellement la fin tellement il ne garde que le meilleur. Ses rappels téléphoniques sont toujours aussi efficaces, mais ça, c’est uniquement parce qu’on attend tous la même chose: une reformation. Et le temps presse. La peur du ridicule aussi. Le ridicule, parlons-en. Lovebugs. On ne peut pas leur reprocher grand chose. Présenté comme un groupe de Pop-rock bâlois, je rajouterai low-cost, ils m’ont ravi. Ravi d’apprendre que la langue parlé en Suisse était l’anglais. Et puis allez, c’est beaucoup moins cher que U2, Muse ou les Killers. Histoire d’être injuste jusqu’au bout, ce sont les étonnants Revolver qui ont joué sous l’orage. Les trois parisiens sont jeunes, ambitieux et pas si vicieux, contrairement à leur set pluvieux.
Vendredi tout est permis. Ce 3 Août bondé nous offrait, dans l’ordre Gotthard, les Elderberries et Alice Cooper. Gotthard, ou l’histoire d’un chanteur mort et remplacé par un inconnu. C’est toujours ça d’économisé sur le cachet. Le nom, lui, reste le même. De plus, ça fait une pseudo tête d’affiche et ça attire du monde. RIP Steve Lee. Les Eldeberries, eux, ont fait le boulot à fond, énièmes mais talentueux défenseurs du Rock arverne, avant qu’Alice Cooper n’en mette plein la vue avec un show carré et visuellement époustouflant. Mais ça, c’était juste pour se souvenir que Marilyn Manson ou Lady Gaga n’ont rien inventé. Encore heureux. Ha? le week-end était consacré aux DJ à la mode et à la variétoche voisine (Laurent Voulzy, Nolwenn Leroy)? On fera comme si on ne le savait pas.
Vingt et une éditions, et dès à présent, on entend ça et là des bilans comptables, des estimations en milliers de spectateurs, au risque d’en oublier la musique. Objectif rentabilité? Nous on s’en fout, on veux déjà être l’année prochaine. Avec Bernie.
Gyslain Lancement
(Source photos: Joseph Carlucci)
Laisser un commentaire