Comme un bon nombre d’entre vous doivent déjà le savoir, il ne reste que six jours avant la sortie du très attendu The Dark Knight Rises, ultime volet de la trilogie cinématographique de Christopher Nolan mettant en scène le héros le plus sombre et le plus torturé de l’univers DC. A cette occasion, nous vous proposons un compte-à-rebours original et motivant, sous forme de rétrospective BDphilique et cinéphilique. Chaque jour, Florian et Didier vous feront découvrir (ou redécouvrir) un comic-book et un film qui ont marqué et influencé le vaste univers de Batman.
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On continue aujourd’hui avec Batman R.I.P., de Morrison et Daniel et Batman (1989), réalisé par Tim Burton avec Michael Keaton et Jack Nicholson, et chroniqué par Didier ici.
Principal scénariste de la série régulière depuis le début de l’ère moderne DC (de 2000 à nos jours), Grant Morrison signe avec Batman R.I.P. une variation inédite sur le mythe du chevalier noir. Tout commence par la relation étrange et très fusionnelle que Bruce Wayne entretient avec Jezebel Jet, la top-modèle la plus prisée de Gotham. Il la laisse tellement entrer dans sa vie, qu’il va jusqu’à lui révéler son identité secrète et lui faire visiter la Bat-cave. Mais derrière ses atours d’amante parfaite et compréhensive, Jezebel cache une double-identité, au service d’un mystérieux club nommé Le Gant Noir. Elle va alors influencer Bruce Wayne dans le but de lui faire croire que sa vie en tant que Batman n’existe que dans sa tête et qu’elle résulte du choc post-traumatique de la mort de ses parents. On pourrait dire que jusque là tout va plutôt bien : Bruce Wayne ayant déjà géré des situations beaucoup plus conflictuelles et risquées. Seulement, rien ne laissait présager qu’il allait finalement succomber aux manipulations de Jezebel, devenir quasiment fou, provoquer indirectement la mort de Batman et donner naissance au Batman de Zur-en-arrh, un alter-ego excessif, violent et imprévisible.
Morrison aime s’amuser avec la psyché de son héros et continue avec Batman R.I.P. ce qu’il avait entamé 20 ans auparavant avec le sublime Arkham Asylum. Ici, Batman n’est pas acteur des événements mais plutôt une sorte de marionnette aux mains de ses démons et de ses ennemis. Il ne contrôle rien et ses faiblesses se font plus évidentes que jamais. On découvre ainsi un Batman dépressif et démissionnaire, qui est tellement à la rue qu’il ne comprend pas la moitié de ce qui lui arrive ! Cette inversion subite du caractère du personnage est passionnante et révélatrice des motivations profondes de Bruce Wayne et de son combat quotidien qu’il doit mener pour ne pas sombrer dans la tristesse et le désespoir. On comprend alors que sans Batman, Wayne ne serait que l’ombre de lui-même et vice-versa. Car lorsque Batman disparaît, Wayne n’est plus qu’une ombre errante dans les rues de Gotham City. Heureusement pour lui, le salut viendra de lui-même et de son esprit calculateur, car le Batman de Zur-en-arrh ne lui est pas si inconnu que ça… Du côté graphique c’est Tony Daniel qui se charge de donner à Batman R.I.P. une dimension décalée et colorée. Toujours dans la frénésie, son trait dynamique fait écho à l’heureuse folie incontrôlable qui hante ces 132 pages et qui déroute autant le lecteur que l’est Bruce Wayne.
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Batman R.I.P. est une variation thématique originale et une expérience inédite dans l’esprit malade du chevalier noir, qui n’a que lui à blâmer… ou presque.
A noter également que la nouvelle édition en français parue chez Urban Comics se nomme Grant Morrison présente – Tome 2 : Batman R.I.P. est qu’elle est composée de deux récits distincts : Batman meurt à l’aube (toujours signé Morrison et Daniel) et de Batman R.I.P.
Demain : The Killing Joke, de Moore et Bolland.
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