Comme un bon nombre d’entre vous doivent déjà le savoir, il ne reste qu’un jour avant la sortie du très attendu The Dark Knight Rises, ultime volet de la trilogie cinématographique de Christopher Nolan mettant en scène le héros le plus sombre et le plus torturé de l’univers DC. A cette occasion, nous vous proposons un compte-à-rebours original et motivant, sous forme de rétrospective BDphilique et cinéphilique. Chaque jour, Florian et Didier vous font découvrir (ou redécouvrir) un comic-book et un film qui ont marqué et influencé le vaste univers de Batman.
On finit aujourd’hui avec La cour des hiboux, de Snyder et Capullo et The Dark Knight (2008), réalisé par Christopher Nolan avec Christian Bale et Heath Ledger, et chroniqué par Didier ICI.
Mi-2011, DC Comics annonce un relaunch de 52 de leurs séries phares, appelé logiquement : The New 52. Tout l’univers de DC repart donc de presque zéro et les principaux super-héros ont même droit à plusieurs séries, comme c’est le cas de l’univers de Batman, avec Batman, The Dark Knight, Detective Comics, Catwoman, Batgirl, Batwoman, Batwing, Batman & Robin et Nightwing. Neuf nouvelles séries pour notre chauve-souris préférée ! Et comme Marvel l’avait déjà fait il y a quelques années avec les Ultimate : qui dit nouvelles séries, dit nouveaux auteurs ! La série principale, sobrement nommée Batman, repart donc avec à ses commandes Scott Snyder, scénariste des remarqués Batman : Sombres reflets et American Vampire, et Greg Capullo, le dessinateur star de Spawn, X-Force et Haunt. C’est donc en novembre 2011 que débute cette Cour des hiboux, premier arc de la série, avec une intrigue étonnante et originale.
Débutant en pleine évasion collective de l’asile d’Arkham, le récit ne perd pas de temps et nous plonge directement dans le bain. Batman est de retour, et avec lui un nouvel ennemi se dissimulant sous le costume d’un hibou, le prédateur naturel de la chauve-souris. Ce dernier veut la peau de Bruce Wayne et l’annonce à la ville entière. Mais le playboy milliardaire ne se laisse pas intimider. Mais sous-estimer cet adversaire ne jouera pas en sa faveur et révèlera une histoire bien plus vaste qu’il n’y semblait. Une secte qui manipule Gotham depuis des siècles ; Alan Wayne, fondateur de Wayne Enterprises et grand-père de Bruce, pas si innocent et philanthrope que ça ; une ambiance malsaine à la Se7en et des démons personnels encore plus présents que jamais : La cour des hiboux, c’est tout ça et pour un nouveau départ, ça dépote !
Comment refaire une série de Batman sans retomber dans les mêmes intrigues que ces 73 dernières années ? En repartant du début, simplement. Scott Snyder l’a bien compris et nous emmène bien au-delà du début du chevalier noir même, mais à la fondation de Gotham et de l’empire des Wayne. Vaste entreprise, me diriez-vous. Eh bien oui ! Sauf que Snyder à l’intelligence et le talent de sélectionner judicieusement son point de départ et son point d’arrivée. Rien n’est donc superflu et beaucoup de pistes sont ouvertes sans être refermées, laissant planer un mystère encore plus envoûtant que si tout nous était expliqué en fin d’histoire (on n’est pas dans un film hollywoodien, après tout !). Snyder remet donc tout en cause dès le second chapitre et laisse les conséquences s’étaler sur les événements qui suivront. Et nous avons beau connaître Batman, rien ne l’a, ni nous a, préparé à un récit si novateur. Nous sommes ainsi déstabilisés par tant de nouveautés (tout comme l’est Batman d’ailleurs). Cet aspect est sans doute le plus important pour le lecteur et son identification au personnage : Batman étant perdu et surpris par ce qu’il découvre, nous le sommes également, d’autant plus que Snyder ne nous donne aucune clé au préalable. Une astuce très efficace qui rend le récit passionnant, très addictif et nous emmène jusque dans les tréfonds de la détresse du héros dans un cinquième chapitre d’anthologie, qui rivalise d’ingéniosité et de suspens, grâce à un découpage déroutant et à une terreur de tous les instants.
La cour des hiboux reprend donc les fondations même du mythe de Gotham et de la famille Wayne, dont dépend indirectement l’univers de Batman, et nous donne l’immense joie de redécouvrir le chevalier noir comme au premier jour, comme si c’était notre premier comic-book de Batman ! Et je ne vous ai même pas parlé du graphisme. Déjà connu et apprécié des fans pour son travail à mi-chemin de diverses influences (un peu de Jim Lee, un peu de Marc Silvestri, etc.), Greg Capullo nous sert ici un dessin d’une netteté impressionnante, aux détails si foisonnants qu’on s’arrête plusieurs fois sur certaines images pour en mesurer toute l’ampleur. Les couleurs sont elles aussi sublimes et très nuancées, malgré le peu de tons présents. Mais je vous laisse juger par vous-même.
La cour des hiboux est une très bonne surprise et mérite amplement de faire partie de cette petite sélection, malgré sa date de publication récente. S’il continue comme ça, Snyder risque de bientôt devenir l’un des meilleurs scénaristes du moment et Capullo, lui, nous confirme son talent et son évolution. Un nouveau départ réussi !
Demain : Seulement sept comic-books de Batman, ce serait triste quand même ! Alors demain, je vous fais une petite liste d’autres albums vers lesquels lorgner, pour finir en beauté notre compte-à-rebours sous le signe de The Dark Knight rises.
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