Comme un bon nombre d’entre vous doivent déjà le savoir, il ne reste qu’un jour avant la sortie du très attendu The Dark Knight Rises, ultime volet de la trilogie cinématographique de Christopher Nolan mettant en scène le héros le plus sombre et le plus torturé de l’univers DC. A cette occasion, nous vous proposons un compte-à-rebours original et motivant sous forme de rétrospective BDphilique et cinéphilique. Chaque jour, Florian et Didier vous feront découvrir (ou redécouvrir) un comic-book et un film qui ont marqué et influencé le vaste univers de Batman.
Ça tombe bien car sept long métrages existent dans l’univers magique du 7ème art. Et pendant que Florian vous parle de La cour des hiboux en comic-book, je vous propose tout de suite de découvrir mon point de vue sur….
The Dark Knight – 2008.
Depuis l’avalanche de critiques positives et la mobilisation internationale couronnant de succès le premier Batman de la franchise sous l’ère Nolan, on attendait cette suite peut-être plus que de raison. Devenu spécialiste du marketing viral avec, entre autre, des bandes-annonce prévenant de la prochaine sortie du métrage presque un an avant, le réalisateur est autant un artisan confirmé qu’un chef d’entreprise de haut rang, un peu à la manière d’un Georges Lucas pendant le bon vieux temps de l’ancienne trilogie Star Wars. Car, donner envie et faire monter la pression, le réalisateur américain a ça dans la peau et ça se ressent ! Depuis le succès de Begins, chacun de ses métrages (The Dark Knight, Inception et Rises) ont bénéficié d’une campagne de promotion « bigger than life » coûtant bonbon, mais dont la magie est de mettre l’eau à la bouche de tout un chacun, quasiment jusqu’à l’écœurement. Il faut bien avouer que tout est mis en œuvre pour faire comprendre aux gens que c’est son long métrage que l’on attend le plus et que la concurrence n’a qu’à bien se tenir et n’a pas vraiment son mot à dire. Quand par exemple The Avengers sort en salles, les critiques sont ultra positives, les chiffres aussi et que ses patrons de Warner s’inquiètent pour l’avenir de « leur » futur bébé, il met en place une projection test de TDKR mettant tout le monde d’accord quant aux qualités sans limites de son travail et du succès présagé de son prochain film – et par là même fait s’envoler toutes les craintes des investisseurs comme par miracle !
Mais si Nolan est aussi performant grâce à des chefs-d’œuvre absolus comme Following (pour un premier film, que d’ambitions et quel plaisir !), Memento (selon moi, c’est le meilleur thriller de tous les temps avec Infernal Affairs et La soif du mal), Le Prestige (énorme mais malheureusement un poil dénué d’émotions!) ou Begins (au dessus c’est le soleil !), peut-on adhérer à toute son œuvre les yeux fermés en dégustant ses nouveaux films comme un dessert, meilleur à chaque fois ? Pour ma part, clairement non. Car si Inception proposait une belle histoire un peu retord, ce n’est clairement pas le Blade Runner du 21ème siècle, ni Memento gonflé en blockbuster comme on a pu l’entendre de ci, de là. Mais revenons à The Dark Knight, largement surestimé à mon goût.
A force de faire monter la sauce à l’aide d’un Joker qui mettra tout le monde d’accord et voulant recoller, à la manière d’un Returns, à une forme proche de l’expressionnisme allemand, ce deuxième film de sa trilogie n’est « que » l’épisode de transition. Fort réussi il est vrai, à nouveau puisant une force surhumaine dans les prestations de sa team d’acteurs (Heath Ledger y a d’ailleurs laissé sa peau après son interprétation hallucinée et hallucinante, méritant tous les Oscars du monde), et aidé par un scénario encore plus sale, sombre et humain que le précédant, ce Chevalier Noir est trop ambitieux pour réussir là où Begins m’avait fait pleurer de joie. Certes, tout est parfaitement huilé et pensé, les moments épiques ne manquent pas, la musique est toujours aussi bonne et les 152 minutes du film sont pour la plupart du temps passionnantes. Mais force est de constater que si le plaisir reste énorme, on vibre moins facilement et on ne s’investit plus autant émotionellement parlant. Quand dans le premier on avait l’impression de vivre aux côtés de Bruce Wayne et de souffrir avec lui, ici on reprend notre place de spectateur derrière l’écran et on assiste seulement – avec un beaucoup de bonheur, c’est certain -, à ses nouvelles aventures. Sans cet emballement sans condition, ni restriction, de la première fois, la magie du frisson s’est un peu estompée et c’est bien dommage.
Bref, si le film est en tous points génial, l’attente fut trop longue et est devenue beaucoup trop forte pour assumer ses ambitions. D’ailleurs, le même phénomène a touché beaucoup de spectateurs concernant le magnifique Prometheus de Ridley Scott qui, s’il n’est pas parfait (on attend quand même une version longue et un deuxième film car c’est un diptyque! Alors arrêtez de vous plaindre sans avoir tous les éléments !!!), est un voyage d’une beauté sans égale à la force évocatrice ultime.
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