Après les morts de Moebius en mars et de Joe Kubert il y a dix jours, c’est au tour de l’incontournable Sergio Toppi de nous quitter hier, à l’âge de 79 ans. Il laisse derrière lui un style inimitable et novateur, marqué par un trait dur et direct au noir et blanc tranchant et plus tard aux couleurs puissantes et évocatrices.
Milanais de naissance, Toppi grandi avec la fascination du graphisme japonais. L’énergie qui ressort de ces dessins le passionne et il tente de les reproduire. Plus tard, il rencontre le peintre Luigi Filocamo qui l’accepte dans son atelier. Ce dernier ne lui apprendra pas la technique en elle-même, mais Toppi retiendra le côté artisanal et manuel de son travail, qui l’influencera plus tard dans le choix de ses outils. Puis il collabore plusieurs fois aux journaux Topolino (Mickey Mouse) et L’enciclopedia dei ragazzi, avant d’intégrer le Studio Pagot où il travaillera à la mise en scène, aux décors, aux scénarios et à la conception de personnages pour de multiples dessins animés, dont le célèbre Calimero.
Ensuite, il débute sa carrière de dessinateur avec des titres tels que Il Mago Zurli ou Pietro Micca avec Mino Milani. En 1964, il rencontre Dino Battaglia, qui devient un de ses amis les plus proches. C’est lui qui l’introduit au monde de la bande dessinée et lui permet de percer avec son album Ukiyo-è Haiku & Suspense, édité chez Quadragono.
Puis, tout s’enchaîne. Il participe activement à la revue Sergent Kirk, où il rencontre Hugo Pratt (1975). Il participe à sa première exposition collective à Padoue (1976). Il collabore à L’Histoire de France en BD pour Larousse (1978). Il participe à la revue Corto Maltese (1983). Il adapte plusieurs romans en bande dessinée, comme L’appel de la forêt (1977) ou Robinson Crusoé (1997). Il réalise un sublime Tarot des origines à l’aquarelle (2000).
Mais il développe surtout un style graphique propre et une narration qui déjoue les codes de la bande dessinée traditionnelle, et ce grâce à plusieurs albums et séries qui ponctuent sa carrière jusqu’à la fin des années 2010. Parmi les plus emblématiques, on retrouve Le collectionneur, les aventures d’un dandy-bandit à la recherche d’objets d’art rares et mythiques ; Le dossier Kokombo, des contes africains grinçants mettant en scène l’idiotie humaine en la contrastant avec des forces obscures ; ou encore Sharaz-De, dont les deux tomes furent réalisés avec 26 ans d’écart et qui reprend Les contes des mille et une nuits avec une maestria et une originalité désarmantes.
En 2004, il est l’invité d’honneur du Festival Quai des Bulles à Saint-Malo. En 2005, il reçoit le Prix Micheluzzi du Comicon de Naples et expose à La Conciergerie de Paris. En 2006, Le collectionneur reçoit le Soleil d’Or de la meilleure série au Festival de Solliès-Ville. En 2008, le Festival International de la Bande-dessinée d’Angoulême organise une grande exposition à son honneur.
Sergio Toppi était un artiste à part, qui su développer un style reconnaissable entre tous et donna au neuvième art une nouvelle facette hypnotique et fascinante.
Ciao maestro !
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